Dans notre pays, beaucoup d’espèces d’oiseaux et d’animaux qui font autrefois la fierté de nos régions, ont tendance à disparaître. Le cas du chardonneret dans la wilaya de Béjaïa ou plus précisément en haute vallée de la Soummam est édifiant. Cet élégant passereau un peu plus petit qu’un moineau, réputé pour son beau plumage doré de couleurs chatoyantes et son chant mélodieux, est très prisé pour son élevage en cage. Sa capture massive entraîne sa rareté dans les champs. Des jeunes s’adonnent à la chasse sauvage de ce bel oiseau à n’importe quelle période de l’année en utilisant une technique que nous explique l’un d’eux. «On repère d’abord l’endroit où ces oiseaux se posent pour picoter des graines dont ils se nourrissent. Comme par exemple, les touffes de chardons très prisés par les chardonnerets qui se posent dessus en groupe. Tout en faisant leur travail, ils chantonnent superbement. On choisit alors l’endroit où ils se posent pour placer une cage contenant à l’intérieur un chardonneret. A côté de cette cage, on pose un pan d’un carton ou une planche en bois induite de glu et au centre, on place une figue sèche bien ouverte qui sert d’appât car le chardonneret aime les graines et la pulpe juteuse des figues fraîches ou sèches. On s’embusque alors au loin, derrière un buisson et on attend que le chardonneret dans la cage chantonne, ce qui attirera ses paires de l’extérieur. Une fois l’un d’eux est collé à la glu, on court pour le dégager. Il est parmi les oiseaux les plus chers sur le marché. Il se vend d’ailleurs entre 1 500 à 2 000 dinars le sujet», a-t-il expliqué en détail. Il pose néanmoins le problème de non accouplement en cage, en éleveur bien au fait de la réalité. «Si la femelle s’adapte bien dans la cage et facilite son élevage, paradoxalement, le mâle n’admet pas l’enfermement, s’abstient de nourriture et meurt. Voilà pourquoi sa reproduction en cage est impossible», renchérit-il. Ce détail est vérifiable du fait que jamais on a vu chez nous, un couple de chardonnerets à l’intérieur d’une cage. On remarque un seul sujet, la femelle en solitaire. Le nom du chardonneret dérive du chardon, une plante sauvage et épineuse qui pousse le long des chemins, dans des parcelles incultes et des endroits marécageux. Deux certitudes sont plausibles : d’une part, le chardonneret s’en sert du chardon, avec son bec conique et pointu, adapté au prélèvement des graines dont il se nourrit, d’autre part, il ramasse les flocons de laine laissés sur les épines par les ovins qu’il effiloche pour extraire des fils avec quoi il capitonne son nid. Comme pour tous les oiseaux sauvages, c’est durant le printemps que les chardonnerets tissent leurs nids, s’accouplent et font des petits. Comme il fait parti des espèces protégées, il reste donc aux associations agissant pour la sauvegarde de la faune et de la flore de faire respecter cette loi en vigueur avant qu’il ne soit trop tard. Assurément, l’élevage du chardonneret procure du plaisir. Il est un bon animateur et un bon compagnon aussi. Contempler son beau plumage et entendre son chant suave est agréablement reposant. Mais il est préférable de limiter sa capture massive pour éviter son extermination.
L. Beddar