Le congrès extraordinaire de l’ordre national des experts-comptables, des commissaires aux comptes et des comptables agréés, a appelé hier à Alger, sous la présidence de Mohamed Lamine Hamedi, président de l’Ordre des experts comptables, au boycott des élections prévues par la commission ad hoc du ministère des Finances, pour les 26, 27 et 28 avril.
Ils soutiennent dans le cadre d’une recommandation finale que la faisabilité de leur proposition de sortie de crise passe par une invitation à la rédaction d’un décret complémentaire qui consacrerait l’essentiel de leurs revendications à travers des mesures transitoires. La résolution du boycott sera maintenue jusqu’à ce que le Conseil d’Etat tranche dans l’affaire introduite en référé. Ce qui a poussé la corporation à réagir, indique Toufik Djouadi, secrétaire général de l’Ordre national des experts comptables est la non-participation des professionnels à la rédaction des décrets d’application, en dépit d’une ferme promesse de les y associer. Cette situation fait qu’aujourd’hui, est-il expliqué le Conseil national de la comptabilité est en total décalage par rapport aux contraintes vécues par les différents corps professionnels. Aux yeux des professionnels l’application de la loi 10/01 a bafoué les principes d’indépendance et d’autonomie de la profession. Il soutiennent que nommé par l’Etat, le commissaire aux comptes n’obéit plus à son éthique et agira contre les intérêts du contribuable (public ou privé) chaque fois que cela peut faire l’affaire du ministère des Finances ou de l’administration fiscale en général. Il est reproché également à cette loi de mettre les commissaires aux comptes dans l’impossibilité d’exercer les missions d’audit, alors que ce dernier constitue une des missions du commissaire aux comptes. L’absence de parité effective dans la composition, tant du CNC que de la commission ad hoc, n’est pas du tout du goût des congressistes, ainsi que d’autres faiblesses et lacunes liées l’enseignement et à l’impossibilité pour les professionnels inscrits à l’ordre, de se présenter à l’examen du diplôme d’expert comptable. L’on évoque également le nombre insignifiant d’experts comptables, 306 au total, en relation avec les besoins d’encadrement des stagiaires au nombre de 20 000. Par ailleurs, les professionnels réunis hier, à l’hôtel Sofitel, estiment que le ministère des Finances n’a pas évalué les implications externes à la profession de sa décision de placer sous sa tutelle des experts comptables, ce qui s’apparente pour eux à une nationalisation de la profession, avec tout ce que cela comporte comme impact négatif sur les principes d’une économie de marché. Parmi les recommandations et propositions présentées pour sortir la profession de son marasme, les congressistes indiquent que la corporation a besoin d’autre chose que d’une tutelle administrative, c’est-à-dire de l’assistance financière et matérielle et une meilleure organisation et appellent le ministère des Finances à se limiter à ses missions de régulateur, normalisateur et contrôleur de la profession.
H.N.

