Trop agitée était la journée d’hier à Tadmait. Après avoir fermé le siège de leur municipalité, vers 10h, les jeunes Tadmaïtis se sont dirigés vers l’autoroute reliant Tizi Ouzou à la capitale et y ont bloqué toute circulation automobile pendant 45mn, avant d’y être brutalement chassés par les URS. La colère des citoyens n’a pas cessé pour autant : ils réclament la restitution du dernier léopard de l’Atlas, jalousement conservé dans leur mairie depuis près d’un siècle, et qui vient d’être «confisqué» par la présidence de la République le jour même de la visite de Bouteflika à la localité.Il faut dire que l’histoire de ce léopard, capturé en 1926 par un citoyen de Tadmaït sur autorisation spéciale de l’armée coloniale, est étroitement liée avec celle des Tadmaïtis qui l’ont soigneusement empaillé, pour l’exposer -avec un certain orgueil- dans le hall de la mairie pour témoigner du patrimoine faunique de leur région. Dépossédés de leur fauve, ces derniers se sentent vexés. Il y va de leur fierté. De fait, la nouvelle de la disparition du léopard n’a pas manqué de faire des furieux. Hier, dès 10h du matin, des jeunes manifestants se sont pris aux responsables de la commune qu’on accuse (à tort ou à raison) d’avoir joué le jeu de la présidence. Le siège de la municipalité sera fermé toute la journée. Mais les protestataires, convaincus qu’il leur faudrait bien plus que ça pour attirer l’attention des autorités, entreprennent d’envahir la RN12, avant d’y interdire toute circulation routière pendant trois quarts d’heure. Sur les lieux, des barricades de fortune sont déjà dressées. Quelques pneus brûlent à pleines flammes. La tension monta de plusieurs crans. L’intervention -très musclée- des forces de l’ordre n’a fait que l’accroître puisque la manifestation a rapidement tourné à l’émeute. Quatre jeunes sont arrêtés. Les escarmouches seront délocalisées vers le centre ville où des 4×4 de la police continuent de poursuivre les jeunes protestataires tandis qu‘une unité d’URS sécurise la mairie. Tadmaït ne retrouvera son calme qu’aux alentours de 14h30.
Une commune sous haute tension En arrivant sur les lieux, Tadmaït était envahie par un calme trompeur. Les autorités avaient déjà effacé toute trace des troubles. Mais la tension y est toutefois très perceptible. Seule la présence de quelques engins anti-émeutes témoignent encore de la violence des faits. Au centre ville, des grappes de jeunes commençaient déjà à se reconstituer. Le Léopard de Sidi Ali Bounab est sur toutes les lèvres. Les renforts policiers aussi. Mais cette histoire risque d’aller loin. Les citoyens de la commune ont rendu publique une déclaration adressée au président de la République où ils exhortent ce dernier d’«instruire qui de droit, pour la restitution du léopard, et ce, pour le respect du patrimoine faunique de la région…”.D’autres citoyens(moins jeunes ceux-là) parlent de «radicalisation» et d’ «actions d’envergure». Toute la commune est sous haute tension. Les heures à venir risquent d’être très chaudes.
Ahmed B.
