La campagne de fenaison bat son plein

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A peine remis de la fatigue accumulée durant la longue et pénible campagne de ramassage d’olives qui a pris fin vers la 2e décade du mois de mars, voilà d’autres travaux de saison qui attirent de nouveau les agriculteurs vers les champs pour s’atteler à de nouvelles campagnes notamment la fenaison, le jardinage, la tonte des moutons et enfin le désherbage.

De menus travaux menés par les rudes paysans chacun selon ses moyens qui créent une animation assez particulière. Même ceux qui n’ont pas de terrains à entretenir ne résistent pas à l’appel d’une nature verdoyante tout en fleur et senteurs, ces nombreux promeneurs qui flânent à travers champs, s’offrent une cure contre le stress et la dépression et se refont une santé mentale en effectuant de longues randonnées pédestres à travers ces paradisiaques campagnes. C’est ainsi que l’on constate depuis le début de la semaine écoulée des faucheuses, des botteleuses qui sillonnent les moindres recoins de la région de M’Chedallah suivies de près par des tracteurs agricoles, engins utilisés dans la campagne de fenaison. Les agriculteurs qui n’ont pas les moyens pour s’offrir les services de faucheuses botteleuses dont les honoraires s’élèvent à 50 Da la botte de foin cette année, s’occupent du fauchage manuellement à l’aide de faux ou de faucilles, une opération des plus pénibles mais que ces fellahs ne peuvent éviter. En effet, les dernières pluies de la fin avril étaient propices au forage et sa prodigieuse croissance, avec au final une récolte importante que ces agriculteurs ne peuvent négliger pourvu que les perturbations climatiques fréquentes en cette saison ne viendraient la détruire, ce qui explique la fébrilité qu’affichent ceux qui s’attèlent à cette campagne qui n’ont qu’une idée en tête : terminer l’opération le plus rapidement possible pour engranger la récolte et la mettre à l’abri des orages. Les éleveurs de leurs côté font montre du même empressement à terminer la tonte des moutons avant l’arrivée des grandes chaleurs, une opération qui débute traditionnellement le 15 avril mais qui a été retardée par les brusques perturbations atmosphériques à l’origine du retour de vagues de froid. Tondre une bête dans ces conditions l’expose dangereusement au virus de la grippe animale qui aboutit généralement sur des complications qui conduisent à la fatale tuberculose. Les éleveurs ont donc par prudence retardé la tonte de presque un mois en attente de la stabilité climatique de plus, les enclos et étables seront asséchés avec l’arrivée des premières journées de chaleur, les bêtes tondues resteront propres. D’autres agriculteurs s’attellent au jardinage en vue de semer quelques variétés de légumes qui arriveront à maturité avec le début du Ramadhan tel que les haricots verts, courgette, piments et tomate et enfin la salade. Des semences qui doivent être mises en terre avant la fin du mois en cour, une autre opération où ces paysans se retrouvent engagés dans une course contre la montre pour être au rendez-vous. Pour le jardinage, ce sont en majorité les femmes qui l’on pris à bras le «cœur» sachant qu’elles s’y mettent avec beaucoup de passion pendant que les hommes se chargent de l’aménagement des clôtures autour des carrées pour protéger la récolte des animaux sauvages. Pour conclure, disons que cette rassurante animation de la population rurale est interprétée comme un retour à la vie après plus de 15 ans d’une hibernation forcée imposée par l’hydre intégriste. C’est la mort dans l’âme que ces braves paysans ont abandonné leurs terres durant tout le temps où ces sanguinaires étaient maîtres du terrain, des paysans qui sont à l’heure actuelle aux petits soins avec leurs lopins comme pour s’excuser de les avoir abandonnés. Ces fellahs donnent la nette impression d’être décidés à rattraper le temps perdu et replonger dans l’univers qui est le leur. Celui de renouer avec la terre sacrée de leurs aïeux.

Oulaid Soualah

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