Les petits métiers à la sauvette se multiplient

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Des enfants d’à peine dix ans, vendant de l’eau fraîche à la sortie de l’autoroute, d’autres, adultes, partageant un espace au bord du trottoir et attendent qu’on vienne les «chercher» pour travailler.

Des scènes qui, le moins que l’on puisse dire, nous permettent de mesurer l’étendue de la pauvreté dans laquelle baignent des pans entiers de la population. En effet, alors que sous d’autres cieux, plus cléments, leurs pairs sont protégés par la loi, ces mineurs, aux corps fétiches et aux visages innocents, s’adonnent déjà au commerce. Sous un soleil de plomb, à longueur de journée, ils vendent de bouteilles d’eau minérale aux automobilistes. Par ailleurs, de l’autre côté de la ville de Bouira, face au centre universitaire, une dizaine de personnes se proposent, quotidiennement, en main d’œuvre bon marché ! Le chômeur, ayant du moins un certain niveau d’instruction ou une quelconque qualification professionnelle, frappe à toutes les portes dans l’espoir de décrocher un travail. Cependant, quand on a que la force physique, on est contraint aux « travaux forcés ». Très tôt le matin, arrivant des quatre coins de la wilaya, tous ages confondus, ces chômeurs prennent leur mal en patience. Pour les besoins d’un chantier, charger et décharger des matériaux… sont souvent les offres, quand cela est possible, qu’on leur propose. Dans une scène bouleversante, ces camarades de fortune, discutant à bâtons rompus, se précipitèrent soudainement et coururent dès que quelqu’un s’arrête avec son véhicule. Sur le tas, l’offre parvient, la surenchère commence entre ces chômeurs. Pis encore, certains, venant les chercher se mettent à choisir, parmi ces « sans-emploi », ceux ayant un physique apte aux travaux durs. Quelle décadence, surtout qu’on est pères de familles ! On se met à courir et à négocier un travail en contrepartie de 1000 Da pour nettoyer un bâche à eau ou un égout…etc. « Digne ou pas, je n’ai pas le choix, je dois subvenir aux besoins de ma famille », résume Said, 42 ans, le calvaire qu’il endure.

L. M.

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