Des notes catastrophiques en Français !

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Sur 14090 candidats effectivement présents à l’examen de 5ème, seulement 5128 ont obtenu la moyenne (note égale ou supérieure à 5 sur 10) à l’épreuve de langue française, soit un taux de seulement 36,4 %!

Un taux qui accuse un déficit dissonant de prés de 40 points par rapport au taux global de 79,5 % inscrits par les élèves de la wilaya de Béjaïa.

En comparaison, les taux de réussite parcellaires sont de 82,98% en langue arabe et 90,91 % en mathématiques. Pour au moins la deuxième année consécutive la très francophone wilaya de Béjaïa se classe en queue du peloton national en matière de notes obtenues à l’épreuve de français de l’examen de fin de cycle primaire.

C’est la  » dé-francisation « , comme on dirait, la déforestation c’est-à-dire le départ en fumée d’un pan entier de ce  » butin de guerre  » cher à Kateb Yacine dont la Kabylie a, incontestablement, engrangé la plus grosse part !

C’est d’autant plus surprenant que difficilement explicable. D’une part, ces résultats paraissent loin de recouper le vécu sonore local et, d’autre part, l’enquête menée par La Dépêche de Kabylie, si elle ébauche quelques éléments de réponses (Voir l’article de Nadir Touati), ne laisse pas moins d’autres en suspens. Les gloses systémiques éludent le point précis du retentissement désastreux sur la seule Kabylie des anomalies du système éducatif national.

Elles n’expliquent pas pourquoi la wilaya de Béjaïa se classe-t-elle, et au moins pour la seconde année de suite, parmi les dernières wilayas du pays.

Faut-il se satisfaire de cette interprétation, autant en vogue que passablement condescendante, qui veut que les correcteurs Kabyles aient les mains plus lourdes que leurs collègues des autres régions du pays ? Encore qu’elle ne dit pas pourquoi ils auraient sévi avec largesse dans leurs notations des épreuves d’arabe et de mathématiques.

Question transgressive : la politique d’enseignement de la langue française mise à l’œuvre par le département de Benbouzid attenterait-elle de manière spécifique aux élèves Kabyles ?

Et question subsidiaire : La langue française est-elle vraiment une langue  » étrangère  » en Kabylie ?

La très inattendue Commission d’enquête instituée par la direction de l’Education de la wilaya de Béjaïa (Voir l’article de B. Mouhoub), a, à l’évidence, du pain sur la planche.

Parviendra-t-elle seulement, et c’est le maximum qu’on puisse en attendre, à apporter ne serait-ce qu’un simple éclairage technique à cette débâcle française ?

Sur un plan politique, il faut bien convenir que le pouvoir est en face d’un nouveau particularisme Kabyle qui s’exprime en l’occurrence à… l’envers.

La question interpelle les acteurs politiques du bord démocratique qui perçoivent en la réhabilitation du français un facteur de progrès et de modernité. Il va sans dire que le recul de la francophonie s’accompagne corrélativement d’un repli des valeurs universelles et d’une avancée des idées rétrogrades.

Mohamed Bessa.

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