Plusieurs pathologies ne peuvent être soignées que par la transplantation de l’organe malade, cette technique a fait déjà son chemin dans notre pays mais reste toujours insuffisante de par le manque de moyens surtout logistiques pour répondre à la longue attente de nombreux malades.
C’est ce qui est affirmé par des spécialistes en la matière lors des 2e journées de formation médicale continu de la société Algérienne de transplantation d’organes SATA tenues à l’université d’Aboudaou de Béjaia le jeudi dernier.
Dire que la présence à ce rendez- vous de Béjaia de pionniers et personnalités éminentes de la greffe en Algérie, à l’image des professeurs Chaouch et Graba, ainsi que des néphrologues, hépatologues et chirurgiens en la matière, était d’un grand apport pour mettre à nu les différentes facettes de la transplantation d’organes, notamment ses écueils.
La promotion de la greffe dans notre pays fait appel à la bonne volonté des responsables à mettre les moyens nécessaires capables de lever les obstacles techniques et éthiques qui freinent cette thérapie chirurgicale, souhaitent les organisateurs de ce conclave.
En termes de réalisations, le professeur Graba dans sa communication a donné des résultats de la greffe à donneur vivant apparenté du foie dans notre pays à propos de 33 cas effectués jusqu’à présent avec un succès en chiffres proche de celui des autres pays. Un taux de réussite de 66,6 %, car sur les 33 receveurs 9 sont décédés suite à des complications graves immédiates ou tardives. Cette greffe hépatique qui consiste à remplacer par un bout de foie sain prélevé chez un donneur apparenté celui du receveur affecté sévèrement par une tumeur et d’autres maladies est d’un cout estimé à 7 millions de DA chez un enfant avec une année de traitement anti- rejet.
En dépit du coût économique élevé et de différents autres obstacles tant social que technique, le défi est relevé “alors qu’on est parti de rien” soulignait le professeur Graba qui a souhaité l’amélioration des conditions de travail par une structure à la hauteur de cette médecine de pointe. Ce n’est pas le cas pour la greffe du rein puisqu’elle est pratiquée depuis des années dans le pays où des centaines d’insuffisants rénaux vivent aujourd’hui avec un rein greffé. Le Dr. Rekhif du CNMS citera l’exemple de 136 cas de greffes rénales réalisées avec succès au niveau de cet hôpital qui travaille avec le concours du service de néphrologie du CHU Parnet. L’expérience de ce dernier dans le domaine de greffe rénale chez l’enfant a permis de transplanter avec rein provenant de donneur vivant apparenté quelques 15 enfants de 2007 à 2010. On peut faire largement mieux, s’accordent à dire les conclavistes qui exhortent les politiques à s’y mettre pleinement pour améliorer cette technique qui exige d’énormes moyens en logistiques et en lois. Parmi les lacunes, la lenteur du protocole de préparation à la transplantation comme l’avait déclaré à l’assistance le président de l’ Association des insuffisants rénaux de Béjaia. ‘’Nous ne sommes pas responsables de la situation’’, réfute le Pr. Chaouch qui incombe la responsabilité aux responsables politiques. “S’ils nous ont écouté il ya vingt ans, nous ne serons pas aujourd’hui dans cette situation’’ clame encore ce chirurgien. La solution , selon les intervenants réside dans la transplantation d’organes prélevés sur cadavres qui n’est toujours pas en vogue dans notre pays, hormis une tentative effectuée par le CHU de Blida en 2010. Il y a manque de coordination des parties concernées du moment que les équivoques juridiques et religieuses sont levés, soulignent les spécialistes en proposant des améliorations en logistiques afin de relancer les prélèvements sur cadavre, capables de booster la transplantation de plusieurs organes, notamment du foie, le rein et le poumon afin de ramener l’espoir aux nombreux malades qui ne veulent pas impliquer leurs proches dans la donation d’organes. Enfin, il est souhaité par ces spécialistes la création d’une agence nationale de greffe qui sera un tremplin pour la promotion de cette technique.
N. T.
