Aït Mohli commémore ses martyrs

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Grandiose, inoubliable, émouvant…! Les mots ne suffisent pas pour décrire l’hommage rendu, samedi dernier, par la coordination associative de la commune berbérophone d’Aït Mohli, à ses martyrs de la cause nationale.

C’est pour la première fois, après 50 ans d’Indépendance, qu’un tel évènement est organisé au niveau de cette région, nous dira S. Amar, l’un des organisateurs. Animés d’une sainte jalousie, les jeunes d’Aït Mohli, avides de connaitre la vérité sur leurs martyrs, veulent ressusciter et sauvegarder de l’oubli l’histoire glorieuse de leur héros de la Révolution. Un programme riche et varié a été concocté pour l’occasion par ladite coordination renfermant une dizaine d’associations, issues des différents villages d’Aït Mohli, en collaboration avec l’association du village Ireza, banlieue de Béjaïa, dont les membres se sont déplacés dans cette région, en compagnie des moudjahidine Houacine Salah et Ramdani Mahmoud, pour rendre hommage aux martyrs d’Aït Mohli. C’est au siège de ladite APC (Aït Mohli) que le coup d’envoi de cet évènement commémoratif a été donné. Après une courte allocution prononcée par le maire Guedjali Fahem, souhaitant la bienvenue aux nombreux invités, qui se sont déplacés à Aït Mohli de plusieurs régions de la Kabylie, et la présentation du programme du jour par les organisateurs de l’évènement, les présents se sont rendu au carré des martyrs, sis au chef-lieu communal, pour le dépôt d’une gerbe de fleurs en l’honneur des 26 martyrs qui s’y sont inscrits. L’étape suivante fut la visite des domiciles de naissance de trois martyrs qui ont marqué l’histoire de la Révolution.

Herfouche Sadek, le célèbre inconnu

Sur la route étroite serpentant le village Aguemoun, lieu de naissance du Chahid H. Sadek, dit Cheikh Mohand Attitouh, une jolie jeune fille, d’une beauté incomparable, accueillait les visiteurs avec un panier de figues sèches. Une si belle manière, propre à la région, d’accueillir ses hôtes d’honneur.

Arrivés à la maison du martyr, des salves victorieuses de youyous retentissaient de partout déchirant le ciel d’Aguemoun qui a vu naître Sadek, dit aussi Abdjaoui, en 1938. Connu pour son courage et sa patience indéfectibles, Cheikh Attitouh a rejoint le maquis en 1956, à l’âge de 18 ans, préférant ainsi abandonné ses études à l’institut Ibn Badis de Constantine pour renforcer les rangs de l’ALN. Sadek, gradé capitaine, a participé à plusieurs opérations militaires contre l’armée française, telle  » la bataille du pont de Beni Maâouche  » en 1956 et celle dite  » Azrou Iflane  » en 1957. Selon les témoignages recueillis, Sadek fut tué en 1961 à Biziou (Amalou), suite à un accrochage contre l’armée coloniale. Belkacem, son cousin, nous dira que Cheikh Attitouh est sorti au maquis malgré l’interdiction de ses responsables lui demandant de poursuivre ses études à Constantine. Bien que son parcours de révolutionnaire fût remarquable, Sadek est oublié de l’histoire  » officielle « . La femme qu’il a laissée dernière lui, prise ensuite par son frère, ne touche aucune pension !

Salah El Mohli ou le deuxième Amirouche

Ensuite, nous avons pris la route de Kentija, là où est né en 1932 Salah Bighar, dit Salah El Mohli. Selon Aïssat Ahmed, ex P/APC d’Aït Mohli, Salah, appelé le 2eme Amirouche par ses compagnons de lutte, fut un homme courageux. Il a fait son service militaire comme parachutiste à la caserne française d’Amizour, avant d’y déserter avec son arme et sa tenue du combat. Ce test réussi lui a valu le recrutement par le colonel Amirouche, dit-on. Connu pour sa maitrise de soi, son courage et son honnêteté Salah, qui fut un grand tireur, a été chargé entre autres, d’acheminer des armes de la Tunisie. Il est tombé en martyr lors de la bataille d’  » Aguemit  » à Boghni, wilaya de Tizi Ouzou, en 1958. La balle qui a percé son crâne fut récupérée en 1963 par son frère.

Boualem Sliman

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