Hommage au militant Naït Haddad

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En ce samedi 30 juillet «le village est en fête», lit-on sur une banderole accrochée à l’entrée du village Amaârat. A l’occasion de la commémoration de la disparition tragique d’un militant inconditionnel de la cause berbère connu et admiré de toute la région, les habitants du village ont tenu à le remercier pour leur avoir offert ses plus belles années de lutte et de travail pour des causes que d’aucuns auraient considéré comme perdues. Plus de cinq années se sont déjà écoulées après la disparition, dans un accident de voiture, de l’homme au sourire éternel.

La vie de Naït Haddad Mohand Ourabah a basculé un certain 10 Octobre 2005, plongeant toute une région, et au-delà dans un choc, puis une tristesse que seul le temps pourrait, peut-être, apaiser. Amis, collègues ainsi que l’ensemble des habitants du village Amaârat étaient aux côtés de la famille du défunt pour rendre hommage à l’enfant terrible de la région. Un riche programme a été élaboré pour la circonstance. Les jeunes du village, chapeautés par la famille Naït Haddad, ont marqué l’événement en prenant en charge les festivités de la journée. Nombreuse était la foule qui a pris le chemin du cimetière pour se recueillir sur la tombe du défunt et y déposer une gerbe de fleurs.

Après une minute de silence, ses proches ont tenu à rappeler les qualités du défunt, empruntes d’altruisme et de générosité. Une vie durant laquelle il était pris comme l’exemple à suivre et, à sa mort, un exemple dont il faudrait à jamais se souvenir. La procession a, par la suite, pris le chemin du village pour l’entame du programme proprement dit. Le sport roi a été à l’honneur de cette commémoration. Le coup d’envoi a été donné par une rencontre de football qui a opposé l’équipe des vétérans à celle de la presse de Béjaïa. La deuxième rencontre a regroupé le Barça et le MOB.

Un match qui, pour rester fidèle à l’esprit de Mohand Ourabah, a été emprunt de fair-play. Avant la collation, prévue à 20h au centre d’Amaârat, une cérémonie de remise de prix a eu lieu à Ablat Oumeyyal. C’était là une occasion pour récompenser les joueurs et honorer certaines personnes de la localité à l’instar des doyens du village, Tassadit Hmidouche, Yamina Adjissa et Allalache M’hend. Les enfants du défunt, Mazigh et Massilya, ont été eux aussi, honorés par des prix symboliques. Notons qu’à la place du film documentaire réalisé par BRTV en l’honneur de Naït Haddad, et prévu dans la soirée, un gala artistique animé par des groupes de musiciens locaux, a été organisé. Le film-documentaire a été quant à lui, reporté pour le lendemain. L’hommage a été rehaussé par la présence de certaines personnalités du monde footballistique qui ont tenu à marquer l’événement à l’image de l’ancien joueur du PSG et du CRB Mustapha Dahlab, venu spécialement de Paris, ainsi que celle de l’arbitre international Youbi Mohamed. A la prise de parole, s’étant déroulée durant la remise des prix, les amis et collègues du défunt ont rappelé ce qui les a fortement marqué en l’homme et en le militant qu’était Mohand Ourabah de son vivant. «Il était pour moi un grand frère, quelqu’un qui détendait l’atmosphère rien qu’en sa présence. Par ses conseils, par sa façon d’être, de croire en ce qu’il faisait, il faisait renaître le désir de croire en l’avenir. Grâce à lui, à des gens comme lui, je crois en l’avenir de ce pays», dira son ami et collègue Mohand Haddad. Nasser Benamara, quant à lui, a préféré déclamer un poème en l’honneur de son ami féru de littérature. Des vers qui ont plongé l’assistance dans une grande émotion. «Heureux qui comme Mohand, a fait un beau voyage. A vécu entre sa famille, son village et ses amis. Et puis s’en est allé plein d’usage, à la force de l’âge. Il reposera enfin sans avoir eu d’ennemi. De tous ceux qui l’ont connu, son sourire radieux hante leurs jours, hante leurs nuits». Pour rappel, Naït Haddad Mohand Ourabah était enseignant au département de Français, à l’université de Béjaïa. Militant depuis son plus jeune âge, durant son cursus universitaire, il s’est illustré par ses prises de position et sa participation aux activités estudiantines, principalement celles en rapport avec la culture et la cause identitaire. Arrêté durant les événements de 1981, Mohand Ourabah, à l’instar de presque tous ses amis détenus, avait refusé d’être libéré de prison en signant en qualité de détenu de droit commun. Il a préféré l’isolement en revendiquant le statut de prisonnier politique.

Nabila Guemghar

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