Ruée sur le thym et…l’eau de source

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Jamais de mémoire de Saharidjis la RN30 n’a vécu un trafic routier d’une telle densité que celle constatée depuis le début du Ramadhan, notamment les après-midi.

Ce sont des centaines de toutes sortes de véhicules qui font mouvement a partir de 15h vers le col de Tizi N’Koulal, qui prend a partir de 17h l’aspect du marché de véhicules de Tijellabine. Ce col est la destination finale de nombreux automobilistes qui viennent des quatre coins de la région de M’Chedallah et qui sont rejoints par ceux de Ouacifs du versant nord dans la wilaya de Tizi- Ouzou. Les milliers de citoyens de tout âge venus à bord de véhicules sont des jeûneurs qui fuient la canicule qui sévit depuis le début du mois sacré. Ils viennent chaque après-midi se réfugier sur ces hauteurs pour profiter de la fraîcheur des lieux qu’ils ne quittent que quelques minutes avant l’heure de la rupture du jeune. Ces citoyens ne se contentent pas uniquement de goûter au paradisiaque climat. Ils font également la cueillette du thym (Zaather) dont c’est la saison, une plante aromatique aux multiples vertus thérapeutiques. Ce qui fait que ces lieux entre Aggni N’Bouzid et Thirekavine grouillent de monde d’une foule qui s’attelle a la cueillette de cette plante médicinale, utilisée depuis la nuit des temps comme potion contre plusieurs maladies, notamment celles broncho respiratoires, l’hypertension mais aussi comme stimulant de la digestion en facilitant la transition et même comme anti-douleur durant le cycle des règles menstruelles chez les femmes. Cela, en plus de constituer un agréable breuvage naturel en fusion, en raison de son goût exceptionnel ajouté à un fort et incomparable arome qui se répand a des dizaines de mètres à la ronde, embaumant agréablement l’atmosphère. C’est toutes ces vertus qui expliquent ces ruées quotidiennes sur ces lieux où il pousse en abondance. Un rush si intense qu’a l’heure actuelle pour le trouver, il faut s’enfoncer loin dans la nature, celui en bordure de la route étant épuisé. L’intérêt que portent ces promeneurs à la plante n’a pas échappé à de jeunes futés qui se sont lancés dans sa commercialisation sur les lieux même au carrefour de Tizi N’Koulal en confectionnant des bouquets qu’ils proposent a 100 DA l’unité. Ces jeunes chômeurs sont parvenus à en faire une activité…florissante au figuré comme au propre. Le deuxième et non moins spectaculaire rush se produit au niveau de l’ensemble des sources naturelles qui parsèment les bordures de la RN30 entre Saharidj et le col de Tizi N’Koulal. Ces sources les mieux connues qui attirent foule depuis les premiers jours du Ramadhan sont Thala Larvaa, située à la sortie nord du chef-lieu communal dans le village vieux Saharidj. A deux Km plus haut vient El Aïnser N’Ath Ali Outhmim, quelques kilomètres encore plus loin, il y a la mini cascade d’Ighzer Ouhedadh. Quelques encablures toujours plus haut, on retrouve le légendaire El Aïnser Guidaouen (source des singes), et enfin le dernier point d’eau avant le col, celui d’Agouni N’Bouzid, dénommé El Ainser Amellal. Chacune de ces sources reçoit des dizaines de citoyens chaque après-midi, qui se bousculent pour remplir toutes sortes de récipients, bouteilles ou jerricans. Pourtant, la majorité de ceux qui puisent de l’eau au niveau de ces sources reçoivent dans leurs robinets l’eau du non moins légendaire El Aïnser Averkane (source noire), située dans la même région. Certains citoyens affirment que le goût de cette dernière source est altéré par son long cheminement à travers la tuyauterie ; d’autres racontent que c’est pour le plaisir d’aller puiser l’eau à sa sortie de source. Le col de Tizi N’Koulal ne se vide que tard dans l’après-midi, soit à l’approche de l’heure de la rupture du jeune, sachant que chacun peut rejoindre son domicile en quelques minutes, grâce à l’état de cette route qui a bénéficié d’une opération de modernisation. Quant à la densité de la circulation, elle s’explique par la formidable explosion du parc automobile dans la région de M’Chedallah, comme partout à travers le territoire national d’ailleurs, depuis que plusieurs concessionnaires ont opté pour les modalités de facilités de payement par échéancier.

Oulaid Soualah

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