Comme à l’accoutumée en ce mois de Ramadhan, le boulevard Zighout-Youcef, longeant le siège de la wilaya était fortement animé. Une foule composée de jeunes, de familles et de moins jeunes qui se remémoreront longtemps cette soirée où le pire a été évité de justesse. Il était environ une heure du matin et le boulevard commençait à peine à se vider de ses badauds lorsqu’un individu au comportement suspect aurait été remarqués. Ce dernier à l’écart de la foule “s’acharnait” anormalement sur son téléphone cellulaire tout en scrutant les alentours. C’est alors que des policiers en civil se sont aperçus de la présence d’un coli douteux dans un carton emballé dans un sachet bleu qui était dissimulé sous un véhicule stationné à proximité du lycée Mira. Les services de sécurité immédiatement alertés ont dépêché une brigade de démineurs du groupement de la gendarmerie de la wilaya sur les lieux. En usant d’un maximum de précaution et après avoir entièrement évacué le périmètre sur un rayon de plus de trois cent mètres, les forces de sécurité et les démineurs ont soustrait le colis piégé de sous le véhicule à l’aide d’un filin pour le traîner jusqu’au carrefour de Harket. Les artificiers ont ensuite déplacé l’engin meurtrier jusqu’au site des 55 Logements, à la sortie Ouest de la ville où il sera détruit. Cette déflagration de forte intensité se fera ressentir sur plusieurs kilomètres à la ronde. Nous apprendrons par la suite qu’il s’agissait “d’une brique” remplie d’explosif et au système de mise à feu assez complexe. A 2h00 du matin, au même moment, et dans un accès de panique, des citoyens feront état d’une deuxième bombe enfouie à proximité du siège de la deuxième sûreté urbaine. Un commissariat se trouvant juste derrière le siège de la wilaya. Une fois sur place les artificiers feront exploser sous une cloche blindée le colis suspect et après que le périmètre de sécurité ait été établi. D’autres rumeurs feront rapidement le tour de la ville, comme au niveau de l’INSFP. Là également, les artificiers redoubleront de vigilance avant de procéder à la neutralisation de ce qui semblait être une bombe dissimulée sous un terre-plein couvert de végétation à une cinquantaine de mètres de l’INSFP. Il était alors 2h15 du matin et la psychose s’était bel et bien installée alors que la ville n’avait toujours pas fermé l’œil. Les Bouiris s’apprêtaient enfin à rentrer chez eux, lorsqu’une troisième alerte a été donnée vers 3h00 du matin. Une autre bombe aurait été retrouvée au quartier populaire de l’ECOTEC. Panique générale, et c’est le moins que l’on puisse dire selon notre journaliste qui se trouvait sur les lieux. Plus d’une centaine de citoyens se sont ainsi retrouvés massés devant les immeubles situés à une cinquantaine de mètres de l’OPGI. Un attroupement populaire dont se serait bien passé les services de sécurité toujours sur les dents et à bout de nerfs également. A l’aide d’un mégaphone les services de sécurité appelleront les résidents de la cité à sortir calmement de chez eux en évacuant en premier lieu les enfants et les femmes. L’évacuation durera une petite demi-heure. Le périmètre de sécurité ainsi bouclé les artificiers prendront le relais. Selon toujours le même protocole, l’engin sera neutralisé. Il était alors 4h00 du matin. Bouira n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Les forces de sécurité gendarmes et policiers resteront mobilisés jusqu’au petit matin. D’autres fausses alertes seront relayées par la psychose généralisée, mais fort heureusement, le dessein meurtrier des terroristes aura échoué face à la vigilance citoyenne. Contrairement à l’attentat de Tizi-Ouzou vingt quatre heures auparavant, qui a visé le commissariat, cette fois-ci, les terroristes ciblaient bel et bien d’innocents citoyens.
Anzar O.

