Enfin une soirée musicale animée !

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Après une première quinzaine marquée par l’ennui et la morosité suite à l’absence d’animation culturelle nocturne dans les villages de Seddouk, où les populations étaient pourtant habituées durant les mois de ramadhan passés à des folles soirées artistiques, Zoubir Tchoupa vient de sauver la face en organisant le premier gala artistique, mardi passé à l’entame de la deuxième quinzaine. Avec des moyens de fortune, les galas chez Zoubir drainent toujours de grands rushs. Une petite bicoque transformée en café maure, séparée de la RN 74 par une plateforme de 20 mètres carrés servant de scènes, une rangée de bancs pour les chanceux et le reste, certains assistent debout, d’autres sont assis sur des pierres, sur les capots de voitures alignées sur les accotements, les branches d’arbres, etc. Tous les moyens sont bons. «Ce n’est pas tous les soirs qu’on assiste à des galas de bonne facture comme celui- là. Nous manquons terriblement de loisirs dans les villages», dira un jeune. Des jeunes à la recherche de détente et d’ambiance convergent vers le lieu du gala en plein air animé par Mérouane, la star montante de la chanson kabylo-cha3bi, qui a donné ce soir-là un spectacle mémorable où il a interprété des chansons nostalgiques de grands chanteurs comme Akli Yahiatene, Samy El Djazaïri, Dahmane El Harrachi, pour ne citer que ces trois. Il faut dire aussi qu’en écoutant les chansons du terroir interprétées par ce jeune chanteur surnommé le rossignol, on ne peut ne pas se remémorer cette étape d’avant-guerre qui a vu naître de grands artistes célèbres au talent confirmé qui chantaient leur exil de France, avec pudeur et patience, l’amour passionné de la famille laissée au bled et de la mère patrie. Puisant dans un large répertoire de grandes vedettes connues, il a su gâter une assistance, vite d’ailleurs conquise qui écoutait toute ouïe et dans un silence quasi religieux cette voix chaude et berceuse qui se conjugue bien à de suaves mélodies. Il entame en interprétant la chanson Jahagh bezaf dhamaziéne d’Akli Yahiatene. Une chanson certes triste, mais qui donne du charme à la douleur et à la douceur. Il enchaîne avec deux chansons d’amour de feu Samy El-Djazairi : Rahla et Ahakan a wardia. Même si la majorité du public juvénile présent ne connaissant pas le chanteur mort jeune, il est resté tout de même réceptif en appréciant bien ses chansons au verbe mesuré. Mérouane qui n’est plus à présenter, a conquis ce soir-là un public avec sa belle voix envoûtante en terminant avec la chanson Yarayah win trouh, de Dahmane El Harrachi. Le public est chanceux aussi en se gavant aussi des anciennes chansons nostalgiques du grand maître de la chanson kabyle en l’occurrence Allaoua Zerrouki, un enfant de la région, interprétées par le jeune chanteur Arezki Methia qui a entamé avec la plus célèbre Yarab lahnine. Comme il a interprété aussi Ayakal Ourthatsghayir, chanson consacrée au chahid Amirouche. Puis, place est laissée aux chanteurs moins connus qui ont interprété des chansons de folklore kabyle. C’est Zoubir Tchoupa qui a inauguré la piste de danse en mêlant danse et humour avec son béret mis de travers et sa canne soulevée horizontalement au dessus de sa tête. Il se déhanche en invitant d’autres à le rejoindre. En quelques minutes, la piste déborde et ne désemplit plus. La soif de danser se lisait sur les visages des jeunes qui n’hésitent pas à rejoindre une piste qu’on est obligé d’élargir pour contenir la masse de danseurs qui grossit de plus en plus. «Ce soir, il faut le dire qu’on a assisté à des chanteurs amateurs qui ont confirmé leur aptitude à chanter comme des professionnels. Chacun son style, ils étaient tous éloquents», fait remarquer un jeune visiblement connaisseur et satisfait de la prestation des chanteurs. Cette première soirée musicale chez Zoubir Tchoupa a été vraiment une réussite et le public venu de loin a eu pour son déplacement. Répondant à une question qui lui a été posée, il dira : «Cela fait des années que j’organise de telles soirées. Je suis très ému par le talent de ces jeunes chanteurs amateurs qui n’ont rien à envier aux professionnels. La région reste un grand vivier de jeunes talents, dignes héritiers de feu Cheikh El Mehdi qui nous a laissé un grand vide. Je lui rendrai un grand hommage prochainement. J’ai filmé tous ses galas que je ferais visionner au public sur écran géant.

L. Beddar

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