La rue gronde

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Durant les nuits de mercredi et jeudi dernier, le quartier Aïssat Idir (ex-Rue de France), situé en plein cœur du chef-lieu de Bouira, a connu de violents heurts ayant opposé les habitants et les forces de l’ordre. En effet, une centaine de citoyens de ce quartier populaire sont sortis dans la rue afin de protester contre la misère et les inégalités sociales dont-ils sont victimes. A l’aide de pneus incendiés et de troncs d’arbres, ces manifestants ont barricadé toutes les routes menant à leur quartier, tout en scandant des slogans hostiles aux autorités locales, à leur tête le wali. Un des protestataires soulignera les conditions ‘’déplorables’’ et ‘’inhumaines’’ qui caractérisent la vie dans ce quartier : « Nous sommes descendus dans la rue dans le but d’alerter l’opinion publique sur nos conditions de vie qui frôlent l’indécence. On vit dans des taudis, au milieu des rats et des moustiques ! Chaque fois que nous plaçons nos espoirs dans les services publics, on en ressort encore plus déçus, notre situation est devenue invivable ! ». La tension était électrique aux abords de ce quartier, la colère se lisait sur les visages de ces citoyens exaspérés. Les forces de l’ordre, présents en masse à proximité ne faisaient que constater l’ampleur de cette grogne, et ils se sont cantonnés au rôle de spectateur… Certainement de crainte que leur intervention ne fasse qu’empirer les choses. Vers 22h00, la situation commencera à se gâter sérieusement… Jets de pierres et autres projectiles ont commencé à pleuvoir sur les forces anti-émeutes. Ces derniers, sont restés de marbre en évitant d’utiliser la force afin de disperser la foule. Un policier notera en « off » qu’ils (forces de l’ordre) ont reçu la stricte consigne de n’user ni de matraque ni, encore moins, de gaz lacrymogène. Cet aveu signifierait que les autorités ne veulent en aucun cas un remake des émeutes de janvier dernier, de peur que la situation ne dégénère. Pendant ce temps, la fumée toxique qui émanait des pneus calcinés rendait l’atmosphère irrespirable. Les barricades dressées aux alentours des principales voies menant vers les autres cités du chef-lieu de wilaya, donnaient l’impression que ce quartier allait sombrer dans le chaos. Après une longue observation, les forces anti-émeutes commenceront un travail qui pourrait s’assimiler plus à la psychologie qu’a la répression… En effet, quelques agents, qui ont leurs ‘’racines’’ parmi la population, entameront avec prudence un discours rassurant en essayant de raisonner les citoyens et, en même temps, saper cette vindicte populaire qui allait se propager comme une traînée de poudre aux autres quartiers du chef-lieu. Par la suite, les manifestants se résoudront, enfin, à rentrer chez eux, tout en promettant que ce n’est que partie remise, jusqu’à la pleine et entière prise en charge de leurs revendications… Ces dernières, s’axent sur un logement décent et des conditions de vie dignes. Pour rappel, le quartier des 130 a été lui aussi le théâtre d’escarmouches entre la police et les commerçants informels. En conclusion, le chef-lieu de Bouira connaît, ses derniers temps, un climat social qui se dégrade de jour en jour, ajouter à cela, la crainte de nouveaux attentats… Ce cocktail, qui mêle grogne sociale et climat d’insécurité promet une rentrée sociale agitée, voir houleuse.

Ramdane B.

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