La 1ère édition lancée hier

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Le wali de Bouira, Mustapha Limani, a inauguré, hier matin, la première édition du Salon de l’huile d’olive, abritée par la Maison de la culture Ali Zamoum jusqu’à demain mardi.

Plus d’une trentaine d’oléifacteurs de Bouira, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Bordj Bou Arreridj et Boumerdès participent à la manifestation. Des entreprises de packaging y sont également présentes, présentant des bouteilles et d’autres emballages spécifiques pour contenir l’huile d’olive.

Le directeur des services agricoles de Bouira, M. Djoudi Ganoune, a indiqué que la wilaya a enregistré une production de plus de 8 millions de litres récoltés jusqu’à présent et que la récolte se poursuit encore dans certains vergers oléicoles de la wilaya.

Aomar Ouagued, oléiculteur et oléifacteur d’Ahnif, ayant remporté le prix Apulée 2018 du concours national de l’huile d’olive, dira : «Nous essayons de valoriser au mieux notre huile d’olive qui a un potentiel non négligeable économiquement parlant, étant donné que bon nombre d’agriculteurs ne vivent que de leur rente oléicole. C’est une culture ancestrale que nous veillons à moderniser pour nous adapter aux besoins du marché et aux normes internationales.

L’année dernière, nous avons produit de l’huile d’olive extra vierge fruitée verte et nous avons été distingués de la médaille d’or du prix Apulée 2018. Actuellement, nous avons comme projet d’initier d’autres oléiculteurs à notre façon de travailler, pour améliorer la qualité de l’huile d’olive et redresser cette filière qui souffre actuellement. Une filière confrontée malheureusement à de mauvaises pratiques.

De la cueillette au stockage de l’huile, beaucoup de paramètres sont à revoir pour produire une huile pouvant rivaliser avec la concurrence étrangère et se faire une place de choix sur le marché national».

L’huile d’olive médaillée d’or Apulée 2018, présente au Salon de Paris

L’huile d’olive produite par notre interlocuteur a d’ailleurs été exposée au Salon de l’agriculture de Paris. «De nombreux emails nous parviennent chaque jour et nous sommes submergés de demandes sur les réseaux sociaux.

Les échos sont plus que favorables au vu de l’engouement suscité par notre produit. Je peux vous assurer que nous pouvons relever le défi de l’exportation», affirme encore M. Ouagued. «La Tunisie nous a, certes, devancé dans le domaine de l’exportation et dans la filière huile d’olive en général, mais nous pouvons rattraper le retard. Nous avons acquis ces dernières années les techniques nécessaires pour relever ce défi.

Contrairement aux Tunisiens, nous ne considérons toujours pas la filière comme stratégique. Rappelons-nous, dans les années 1938, l’huile d’olive du domaine de la famille Chibane de Chorfa avait été primé avec une médaille d’or au salon de Paris et de nombreux vergers oléicoles de la région de M’Chedallah ont également reçus des attestations pour la qualité de leur huile d’olive», déplore M. Ouagued.

Cap sur la labellisation d’une huile d’olive extra vierge entièrement bio

Une huile d’olive qui a, depuis, été déclassée, les agriculteurs n’ayant pas perpétué les méthodes des colons. «En abandonnant les techniques de trituration pratiquées par les colons, nous nous sommes acheminés vers une huile d’olive avec un taux d’acidité inacceptable par les normes internationales. Nous avons des olives excellentes, il ne nous reste qu’à produire une huile excellente.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, le défi de l’exportation doit motiver tous les oléiculteurs à améliorer la qualité de leur production, afin de satisfaire la demande extérieure qui est énorme. Cela devrait susciter l’engouement de tous les oléiculteurs. Parfois, on me sollicite pour 50 000 litres d’huile d’olive extra vierge avec un taux d’acidité inférieur à 0,50 et je ne peux pas satisfaire cette demande. Pour avoir une place sur le marché international, il faut respecter le prix, la qualité et la quantité.

Ce sont ces trois critères qui font la réussite d’un produit. Nous avons également un problème de prix à l’étranger comparé au prix de l’huile d’olive venant des pays du bassin méditerranéen. J’ai été sollicité dans de nombreux salons internationaux et devant les bouteilles d’huiles d’olives présentés, le consommateur étranger ne regarde pas si c’est de l’huile kabyle, tunisienne ou marocaine.

Pour lui, c’est une bonne qualité et un bon prix qui font la différence. L’Algérien propose cette huile de qualité à 5 euros la bouteille, alors que le Tunisien la cède à 2 euros». M. Ouagued nous dira qu’il a l’intention de mettre prochainement sur le marché une huile d’olive bio «qui aboutira certainement à la labellisation de l’huile d’olive algérienne sur un marché où la concurrence est de plus en plus rude», indique-t-il.

Les Chambre d’Agriculture et de commerce de Tikjda à l’unisson pour l’exportation

De l’avis de M. Zenouche, secrétaire général de la chambre d’agriculture de Bouira, tous les efforts sont conjugués pour parvenir à une modernisation de la filière oléicole et à une exportation du produit. «Parvenir à une meilleure qualité de l’huile d’olive est notre challenge, afin de satisfaire le marché national et le consommateur.

La commercialisation de l’huile d’olive d’une manière efficace et son exportation vers l’étranger, c’est là notre objectif», assure M. Zenouche. Un optimisme partagé par M. Samir Abdelmalek, directeur de la chambre de commerce et d’industrie Tikjda de Bouira. «Nous avons en effet beaucoup de demandes de pays étrangers sur l’huile d’olive de Bouira. Nous souhaitons que ce Salon prenne une envergure nationale dès les prochaines éditions.

La qualité de l’huile d’olive de Bouira est reconnue à l’échelle nationale. Nous avons envoyé des échantillons via la chambre de commerce vers l’Indonésie et les échos sont plus que favorables. D’ailleurs, dans le cadre de ce Salon, nous avons programmé une journée d’étude sur l’huile d’olive, avec des conférences axées spécialement sur les perspectives d’exportation de notre huile d’olive, avec les normes sanitaires à respecter.

Nous voulons hisser le niveau des connaissances de nos producteurs d’huile d’olive afin qu’ils puissent accéder aux marchés étrangers. Nous avons envoyé de l’huile d’olive de Bouira au Salon de l’Agriculture de Paris, en Turquie, au salon international de l’huile d’olive à Antalia et récemment encore, c’est en Allemagne au Salon des fruits et légumes que nous avons exporté une petite quantité d’huile d’olive de Bouira.

Et partout, l’engouement est incontestable, ce qui ne nous laisse pas d’autres choix que de motiver nos producteurs pour qu’ils s’engagent dans cette conquête des marchés internationaux. Encourager l’exportation n’est plus un slogan, mais une action que nous allons mener sur le terrain», assure M. Abdelmalek. M. Limani Mustapha, le wali de Bouira, qui a visité les différents stands du Salon, s’est dit «très honoré» de parrainer cette première édition, en promettant de répondre favorablement aux multiples demandes des oléiculteurs présents.

«Des demandes pressantes ont été signifiées pour la réalisation de pistes agricoles afin que les oléiculteurs puissent se rendre dans leurs vergers. Je leur ai promis de régler ce problème… C’est une réelle satisfaction et une grande fierté d’apprendre que notre huile a été médaillé d’or et qu’elle fait l’objet de demande pressante de l’étranger», se félicitera M. Limani.

Hafidh Bessaoudi

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