Le dérapage de Ghoulamallah

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Ignorant la réflexion scientifique et tentant d’imposer une position idéologique au lendemain de la nomination par le président de la République des membres de l’Académie amazighe, le président du HCI fait dans la surenchère.

Bouabdallah Ghoulamallah a chargé, hier depuis Tizi-Ouzou, les adeptes de l’écriture de la langue amazighe avec la graphie latine, les traitant de «dominants». «Ils disent que le caractère latin est dominant, nous, nous n’acceptons pas de nous soumettre aux dominants (Toghyane)», a-t-il martelé.

Intervenant lors de la première Rencontre régionale sur le manuscrit et le lien inter générationnel en Kabylie, qui s’est déroulée hier à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, le président du HCI s’est laissé aller à un discours de promotion en faveur de l’écriture de la langue amazighe dans la graphie arabe.

Cette sortie du président d’une institution officielle dénote une ignorance quant à la mise en place officielle d’une académie, fraîchement installée, pour la prise en charge de ce volet technique de cette langue consacrée officielle depuis 2016. Ghoulamallah s’est érigé en linguiste et spécialiste de la dialectique, plaidant pour la «nécessité et l’obligation de l’écriture de Tamazight avec la graphie arabe, pour assurer sa survie et son développement dans les pays du Maghreb».

«Je rejoins Dr Salah Belaid dont l’amour pour l’arabe et la graphie arabe a fait un fervent défenseur de la transcription de la langue amazighe en graphie arabe. Il a écrit un livre sur la nécessité d’écrire Tamazight en Arabe. Il a prouvé, scientifiquement et historiquement, que si Tamazight veut survivre et si elle veut avoir un avenir dans les pays du Maghreb où vivent les Amazighs, il faut qu’elle soit transcrite en graphie arabe», insiste-t-il.

Et d’ajouter : «Il y a ceux qui trouvent que la graphie latine a pris le dessus et qu’on doit s’y soumettre. Nous, on ne s’est jamais soumis aux dominants, les Algériens ne se sont jamais soumis aux dominants». Allant plus loin dans ses propos, le président du HCI affirme que les adeptes de l’écriture de Tamazight en latin ne sont pas forcément des Algériens ! «On doit réfléchir, on sait qu’il y a des gens qui parlent la langue amazighe mais qui ne sont pas des Algériens.

Ce sont soit des Français, des Canadiens ou des Américains et ils écrivent des histoires et de la poésie en tamazight en graphie latine, et ça c’est leur droit vu que c’est leur graphie nationale. Le Français, sa graphie nationale est le latin, l’Anglais et l’Américain aussi», a-t-il affirmé. «L’Algérien ou Maghrébin, sa graphie nationale c’est l’arabe», a-t-il clamé, ajoutant : «Nous, nous écrivons notre Tamazight, que ce soit en littérature, en science ou en mathématique et autres, en Arabe et eux ils écrivent leur Tamazight en latin et on peut échanger pour s’enrichir les uns les autres».

L’ex-ministre des Affaires religieuses propose de traduire les productions faites en Tamazight en graphie latine par «ces étrangers» vers Tamazight avec la graphie arabe, comme on ferait avec n’importe qu’elle autre langue pour en «bénéficier» en Algérie. «L’Histoire, la logique et la science exigent que Tamazight soit écrite en arabe, si on veut qu’elle soit développée, si on veut qu’elle soit un facteur de l’unité nationale.

On ne doit pas faire d’elle un facteur de division», dira-t-il. A propos des calligraphies recensées en Algérie, le président du HCI affirme qu’elles sont toutes écrites en graphie arabe dans les deux langues amazighe et arabe. Le président du Haut Conseil à l’arabité, le Dr Salah Belaid, affirme pour sa part que l’Algérie a recensé 12 000 calligraphies, dont 900 ont été numérisées.

Kamela Haddoum.

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