Toujours “Silmya” !

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1962-2019. De l’indépendance de l’Algérie au divorce avec un système finissant. D’Abane aux jeunes emprisonnés pour port de drapeau amazigh. Les liens sont désormais établis entre le combat des véritables artisans de la libération du pays et celui des jeunes d’aujourd’hui, mobilisés depuis le 22 février pour un changement radical et profond du système.

Hier, 5 juillet, Fête de l’Indépendance, des dizaines de milliers de Béjaouis sont descendus dans la rue pour un 20e vendredi de suite. D’une seule voix, ils ont crié «Système dégage», «Amirouche, Si El Houès, des Moudjahidine en prison», «Amirouche, Si El Haouès, l’Algérie ne va pas bien», «Pour un État civil et non militaire».

Drapeau national et emblème amazigh flottant dans les airs, les manifestants ont rejeté, à haute voix, la dernière offre de dialogue du chef de l’État intérimaire : «Nous refusons d’aller vers quoique ce soit sans une véritable transition politique», lisait-on sur une pancarte. La foule, déjà impressionnante avant même l’entame de la

marche, vers 13h30, a vite envahi la rue de la Liberté. Scandant des slogans hostiles aux tenants du pouvoir, les manifestants ont appelé à la libération de tous les détenus arrêtés lors des 18e et 19e vendredis de la mobilisation populaire à Alger. Comme ils ont appelé, en cette journée du 5 juillet, à la libération du Moudjahid Lakhdar

Bouragrâa.

Après avoir parcouru moins d’un kilomètre, la foule a observé une halte au niveau du carrefour Matoub Lounès. Sous les regards des manifestants, qui commençaient à s’impatienter, trois jeunes, juchés sur un immeuble de neuf étages de la cité Nacéria, ont déroulé une gigantesque banderole.

«Mêmes revendications, une autre époque ; Silmya (une révolution pacifique, ndlr) a ébranlé le système ; Le sourire de Ben M’hidi a terrifié l’ennemi ; 1962-2019, il est de notre devoir de garder espoir; Main dans la main, nous construirons l’Algérie de demain»… sont, entre autres, les messages transcrits en gras sur cette banderole. Et la foule reprit sa marche vers la liberté, en empruntant le boulevard du colonel Amirouche, un autre symbole de la révolution algérienne. De tous points de vue, la marche d’hier a été, il est vrai, la plus impressionnante en termes de mobilisation et des messages portés par les manifestants.

Une mobilisation record malgré un soleil de plomb. Après un léger recul, les femmes, jeunes filles et les vieilles étaient, hier, de retour dans la rue. Deuxième plus importante agglomération de la wilaya de Béjaïa, Akbou a également renoué, hier, avec les manifestations de rue. Dans les deux villes, les marches populaires se sont déroulées

dans la sérénité et aucun dépassement n’a été signalé.

Dalil S.

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