Le gouvernement Bedoui face au rejet du peuple

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L’équipe du gouvernement Bedoui fait face à de rudes épreuves sur le terrain. Cinq ministres, envoyés sonder le terrain, ont dû prendre, par eux-mêmes, la mesurer de leur «aura» auprès du peuple. Hier, le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, n’a même pas pu franchir la porte de l’aéroport Larbi Tbessi de Tébessa, dans l’Est algérien. Parti effectuer une visite d’inspection dans les projets de son secteur, Arkab a été cerné par plusieurs dizaines de citoyens l’empêchant de sortir de l’aéroport.

A plusieurs kilomètres de là, c’est un trio de ministres qui a essuyé les foudres de la population bécharie durant la journée d’avant-hier. Conduite par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, la délégation ministérielle a échappé à une véritable tentative de lynchage de la part de citoyens de Bechar, malgré une très forte présence des forces anti-émeute. Annoncée la veille, la délégation ministérielle a trouvé un comité d’accueil des plus hostiles.

N’était-ce le renfort d’éléments des escadrons de la gendarmerie nationale, des CRS et de la BRI, les ministres de l’Intérieur, des Ressources en eau et de l’Habitat n’auraient même pas réussi à franchir la porte d’entrée de la ville de Bechar. Hier, au deuxième jour de la visite, qui a dû être écourtée, le ministre de l’Intérieur a tenté de raisonner, expliquant les raisons de sa visite : «Le principal souci du gouvernement, qui est un gouvernement de gestion des affaires courantes, est la stabilité et la sécurité du pays, en prévision de l’élection présidentielle du 4 juillet prochain où le peuple choisira en toute liberté et transparence le nouveau président de la République», a-t-il déclaré devant les autorités de la wilaya de Bechar et de la wilaya déléguée de Béni-Abbes, localité où la délégation ministérielle n’a même pas pu se rendre, obligée dès lors d’écourter la visite de deux jours dans cette wilaya du sud du pays.

«La visite de la délégation ministérielle prévue dimanche dans la wilaya déléguée de Béni-Abbes (240 km au sud de Bechar) et dans plusieurs communes de cette collectivité, a été annulée à cause d’un mouvement de protestation populaire qui s’est opposé à cette visite, scandant «ne pas reconnaître la légitimité de ce gouvernement», a rapporté, hier, l’agence officielle APS. Le premier membre du gouvernement Bedoui à avoir été contrarié dans sa première sortie est celui des Travaux publics qui a été contraint, la semaine dernière, d’annuler sa visite d’inspection d’un chantier dans la banlieue d’Alger.

La forte mobilisation populaire sur les lieux où devait se rendre le ministre a forcé le protocole à annuler cette sortie. Le rejet populaire des ministres du gouvernement Bedoui compliquera davantage sa survie durant les trois prochains mois de cette transition constitutionnelle menée par le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, obligé de composer avec Noureddine Bedoui au Premier ministère, désigné pour rappel par l’ex-président de la République quelques jours avant sa démission.

Le successeur, d’Ahmed Ouyahia remercié lui au tout début de la révolution populaire contre le système, Noureddine Bedoui, dont le nom est vilipendé par les foules, paraît en manque de stratégie pour s’imposer sur la scène publique. L’envoi en mission de ses ministres jeunes et inexpérimentés pour tâter le terrain et marquer leur présence effective sur l’échiquier s’avère un plan hasardeux qui risque de compromettre les chances de survie d’un gouvernement jugé «impopulaire et illégitime».

M. A. T.

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