Le grand décalage !

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Pour tenter de stabiliser le marché et permettre aux citoyens de se prémunir de la spéculation à outrance qui caractérise l’activité commerciale en pareille période, la tutelle a à l’occasion du mois de Ramadhan rendu public des prix référentiels des produits de large consommation. Hélas, sur le terrain, les mesures ne sont pas respectées et les prix sont toujours aussi «brûlants». Pire encore, les fonctionnaires du secteur du commerce de la wilaya de Tizi Ouzou refusent de sortir sur le terrain pour le contrôle et le suivi de l’application des mesures ministérielles.

Ils ont même observé, hier, un sit-in devant le siège de la wilaya pour rejeter ces directives du ministère et brandir des revendications socioprofessionnelles. Pour rappel, dès samedi dernier, le ministère du Commerce a dévoilé la liste des prix référentiels des fruits et légumes de large consommation et des viandes importées, dans l’optique de mettre un terme à la spéculation durant le mois de Ramadhan.

Outre les viandes bovines fraîches ou réfrigérées importées, la liste comporte, également, huit fruits et légumes, en l’occurrence la pomme de terre, la tomate, l’oignon (sec et vert), la courgette, la laitue, les carottes, l’ail et les bananes. Le prix référentiel de la pomme de terre a été fixé à 50,45 Da/Kg aux marchés de détail, alors que le prix de la tomate fraîche varie entre 90 et 110 DA/kg. Toujours chez les détaillants, le prix de l’oignon sec a été fixé entre 55 et 60 DA et celui de l’oignon vert entre 30 et 35 DA.

Les prix de référence qui devraient être appliqués depuis hier dimanche concernent aussi la courgette plafonnée entre 65 et 80 DA/kg, alors que le prix référentiel de la laitue varie entre 60 et 70 DA/kg. Les carottes sont cotées entre 55 et 60 DA/kg, l’ail sec entre 100 et 150 DA/kg et l’ail vert entre 50 et 60 DA/kg. Le prix de la banane a été fixé entre 230 et 250 DA/kg, toujours chez les détaillants. Hors, sur le terrain, et dans les points de vente et les commerces visités, hier, les prix n’ont rien à voir avec ceux fixés par le ministère.

La pomme de terre est proposée à 60 DA, soit 10 DA de plus. La tomate fraîche est affichée à 140 DA, soit 30 DA de plus. L’oignon sec est à 75 DA, l’oignon vert à 50 DA, là aussi plus chers que les prix référentiels. La courgette fixée par le ministère à 80 DA est proposée à 90DA. La laitue, que le détaillant devrait vendre à 70DA, se vend à 100 DA, 30 DA plus cher ! Seules les carottes sont vendues au prix fixé, soit 60 DA le kilo. L’ail sec fixé à 100 et 150 DA, s’envole pour atteindre les 400 DA ! C’est comprendre que les mesures ministérielles ne sont pas appliquées.

Le prix de la viande toujours aussi élevé

Concernant le prix référentiel de la viande bovine congelée, il a été fixé à 750 DA/kg, tandis que celui de la viande bovine fraîches de qualité moyenne a été fixé à 950 DA. La viande bovine fraîche sous vide (haute qualité) a elle été établie à 1 000 DA. Là aussi, sur le terrain, c’est un autre son de cloche. La viande fraîche d’importation est affichée à 1 200 DA le kilo et la surgelée est à 900 DA. Pour ce qui est de la viande rouge locale, les prix sont carrément astronomiques. Le bifteck est toujours à 1 900 DA le kilo.

La viande avec os est à 1300 DA. Le prix du foie dépasse tout entendement, à 2 300 DA. Les entrecôtes sont à 1 900 DA le kilo. La viande hachée, très demandée durant le Ramadhan, est à 1 600 DA. Avec des tels prix, les citoyens à faibles ressources ne pourront s’offrir le moindre bout de viande. A signaler que les services du ministère du Commerce ont pris, outre la définition de prix référentiels pour les produits agricoles et les viandes importés, plusieurs mesures, principalement des opérations de déstockage de produits, menées en coordination avec les différents services de sécurité, qui accompagneront également les agents de contrôle dans l’accomplissement de leurs missions.

Le ministère souligne, en outre, l’impératif du suivi de l’approvisionnement des marchés et l’exonération de produits de large consommation du Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) afin de baisser les prix et préserver le pouvoir d’achat des citoyens. Par ailleurs, un système d’alerte a été mis en place au profit des associations de protection des consommateurs, pour signaler toute infraction aux prix réglementés.

Le ministère a également appelé l’ensemble des partenaires professionnels à contribuer au respect de cette liste, qui vise à garantir la stabilité des prix et lutter contre la spéculation. Hélas, et à la veille du mois sacré, toutes ces mesures et tous ces appels demeurent non appliqués, au grand dam du consommateur.

Les fonctionnaires de la direction du commerce refusent d’assurer le contrôle

à Signaler que l’union nationale des fonctionnaires du commerce avait appelé dans un communiqué «l’ensemble des travailleurs du secteur à observer un sit-in devant les directions des commerces et les sièges de wilaya de 9 heures à 12 heures», pour dire leur rejet de l’application de la directive du ministère du commerce N°340 du 09 avril 2019 concernant l’opération de contrôle et de suivi du marché pendant le mois de Ramadhan et ce pour des raison de «manque de garanties et de sécurité notamment en cette période de révolte populaire».

Les fonctionnaires ont également brandi des revendications socioprofessionnelles. Les fonctionnaires et ouvriers de la direction du commerce de Tizi Ouzou ont d’ailleurs répondu à l’appel de leur syndicat et ont en effet observé un sit-in devant le portail de la wilaya de neuf heures à midi. «Nous ne pouvons pas nous hasarder à contrôler les commerces et les marchés surtout en cette période d’insécurité et de colère populaire. Pour le faire, il nous faut des garanties et de la sécurité. Nous sommes nous aussi des pères de familles», a déclaré un des protestataires. Du coup, l’on craint un mois de Ramadhan des plus éprouvants pour le porte-monnaie des Algériens.

Hocine T.

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