Soutenir et accompagner l’entrepreneuriat vert

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L’entrepreneuriat vert et l’entrepreneuriat féminin étaient au cœur du 2ème Séminaire national sur le développement local en Algérie, organisé mercredi et jeudi à l’auditorium de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou.

Vu les menaces qui pèsent sur la planète, notamment le réchauffement climatique, nombreux sont les chercheurs qui recommandent que l’environnement soit pris en charge dans tout projet de développement durable.

Dans cette optique justement, une communication intitulée « L’entrepreneuriat vert au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou: réalité, contraintes et perspectives de développement. Cas des dispositifs publics de soutien » a été présentée en atelier par la doctorante Mohand Saïd Ania Thinhinane, sous la direction du Dr Arezki Chenane de l’université de Tizi Ouzou.

D’emblée, l’oratrice soutiendra que « l’économie verte est une économie qui entraîne une amélioration du bien-être social et de l’équité sociale, tout en réduisant les risques environnementaux et la pénurie des ressources ».

Autrement dit, l’entrepreneuriat vert vise des solutions innovantes, économiquement viables et socialement utiles qui doivent répondre aux défis environnementaux et à des exigences du développement durable et de la croissance économique du pays, selon la conférencière qui précise que l’investissement concerne l’eau, les énergies renouvelables, l’agriculture, les forêts, les écosystèmes et la biodiversité et la gestion des déchets.

Abordant la situation des entrepreneurs de la wilaya de Tizi Ouzou, l’intervenante révèle que ceux-ci « sont confrontés à de multiples problèmes et obstacles qui perturbent leurs démarches et rendent la concrétisation de leurs objectifs difficile ».

« Ces entraves sont d’ordre psychologique, social, réglementaire, institutionnel, environnemental et financier », précise la conférencière.

Pour y remédier, suggère cette dernière, il faut que les dispositifs de soutien et d’aide à la création d’entreprises soient adaptés à ce contexte, afin d’offrir les instruments adéquats pour pouvoir développer la dynamique entrepreneuriale, « car cette dernière est plus importante à travers le dispositif ANSEJ, puis CNAC et ANDI et, enfin, ANGEM, dans le dans le secteur de l’environnement à Tizi Ouzou ».

« Au total, enchaîne l’intervenante, 251 micro-entreprises ont été créées dans le domaine de l’environnement à travers les dispositifs de financement. Ces dispositifs ont une contribution remarquable dans le développement du territoire de la wilaya de Tizi Ouzou (…) Il y a une dynamique de création d’entreprises qui contribue à la création d’emplois et de richesse et, partant, au développement durable », souligne-t-elle.

Enfin, l’oratrice recommande l’accompagnement de ce nouveau secteur, qui est l’entrepreneuriat vert, par des mesures incitatives, en renforçant également l’apport de financement accordé par les banques.

Il est, globalement, question d’aller vers une société responsable, de la prise de conscience collective et de mettre en exergue le rôle de l’université dans le développement de l’entrepreneuriat vert en Algérie.

La contribution de la femme au développement territorial

Analyse du processus entrepreneurial des femmes, le degré d’implication de ces dernières dans l’activité entrepreneuriale et les motifs de leur présence dans des activités informelles sont autant de thèmes abordés lors de la communication co-rédigée par Dr Abrika et Dr Samdi.

Sous le thème « L’entrepreneuriat féminin entre facteur d’émancipation et levier contributif au développement territorial : analyse des retombées socio-économiques des activités informelle », les universitaires affirment que 38 % de femmes entrepreneures pratiquent des activités informelles. 71% des enquêtées ont un niveau scolaire moyen et/ou secondaire, 22% ne dépassent pas le niveau primaire et 7 % ont un niveau universitaire, ajoute-t-on.

S’agissant des facteurs qui incitent les femmes à se tourner vers les activités informelles, les auteures de l’étude soulignent en premier lieu « l’absence de la culture de l’impôt (38%), le rejet de l’Etat + l’influence d’autres membre de la famille (un seul par ménage), voire même par mimétisme social de proximité, le refus du tuteur mâle (20%), les besoins financiers, l’exploitation de la femme et la non reconnaissance des capacités décisionnelles de la femme par son tuteur mâle, l’incapacité financière (19%), avoir plus d’argent (14,5%), période d’essai (8,5%) et absence de confiance ».

L’enquête mentionne également que parmi les 310 femmes entrepreneures, 117 exercent dans l’informel. Par ailleurs, les revenus générés par ces femmes (formelles et informelles) sont répartis comme suit : les dépenses familiales (66%), l’épargne (20%) et l’extension de l’activité (3%).

Enfin, l’étude conclut que « l’interaction de plusieurs facteurs interagissant sur les vulnérabilités sociales influe sur le devenir des dynamiques entrepreneuriales féminines. Le nouveau rôle économique joué par la femme entrepreneure dans la société fait d’elle une vectrice clé de développement.

Les femmes entrepreneures expriment une résilience entrepreneuriale et un dynamisme par leur volonté de dépasser les vulnérabilités sociales en changeant de statut par leurs défis d’autonomisation via l’entrepreneuriat, facteur de conversion sociale.

L’informalité des activités féminines en interaction avec d’autres acteurs économiques réside dans les liens relationnels justifiant la complexité des transformations d’un statut à un autre, justifiant les degrés d’informalité et sa relativisation créant ainsi deux approches ; celle reconnaissant le dynamisme de l’informel et celle suggérant sa formalisation, remettant en cause le comportement des acteurs et se limitant au critère juridique et à la dimension économique de la ressource ».

F Moula

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