Un chantier aux dix étés… U mazal

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Le projet du transfert des eaux de Lainser Averkane (la Source noire) vers la commune d’Aghbalou n’a toujours pas abouti, au grand dam des populations qui devront prendre cet été encore leur mal en patience. Une saison que beaucoup de foyers appréhendent à Aghbalou, car elle est chaque année rythmée par de longues pénuries de liquide précieux.

Il faut savoir que le projet en question est vieux de plus d’une décennie et a coûté plus de 10 milliards de centimes au budget de l’Etat. Mais sa concrétisation tarde à venir. La première étape de ce projet a consisté en la pose d’une conduite de transport AEP de près de 10 km, entre le village Tiksiredene dans la commune de Chorfa et Beni Hamdoune dans celle d’Aghbalou. Cette phase des travaux a été réalisée dans le cadre d’un Programme sectoriel (PSD) en 2006. Depuis, cette conduite n’a jamais été mise en service et a carrément été abandonnée.

Il aura fallu attendre 10 ans pour voir le lancement d’une deuxième étape portant sur la réalisation d’une station de refoulement des eaux au quartier Vouakalne. La station, qui a été équipée et alimentée en courant électrique, devait pomper l’eau de la Source noire, sise à Saharidj, vers la station de pompage (SP) 5, située sur les hauteurs de Beni Hamdoune, pour être ensuite redistribuée à 07 villages de la commune. En juillet 2018, il a été enfin décidé de la mise en service du projet et du système des transferts des eaux de Saharidj vers Aghbalou. Seulement, ce transfert n’a finalement pas eu lieu.

Pourtant, le projet faisait partie du programme du wali Mustapha Limani, pour son inauguration, qui effectuait une visite dans cette commune, le 3 juillet 2018, en vain. Lors de cette visite officielle, les services de l’hydraulique se sont juste contentés de présenter des indicateurs de leur secteur dans cette commune avec la promesse d’améliorer l’approvisionnement en eau. Une promesse qui, une année après, n’a toujours pas été tenue. Preuve en est, l’eau est toujours rationnée et son approvisionnement ne s’est point amélioré.

En effet, le programme annoncé suggérait un approvisionnement à raison d’un jour sur deux. Près d’une année après, aucun changement n’a été opéré, car l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable dans la commune d’Aghbalou reste tributaire de la mise en service du système de transfert des eaux de Lainser Averkane. Le système devait garantir d’importantes quantités d’eau. En réalité, la station de refoulement qui devait être mise en service dans le cadre de ce transfert, le jour de la visite du wali, a été carrément «zappée» du programme.

Ce jour-là, une source proche des services techniques de l’APC évoquait un problème technique dû à la défaillance d’une ventouse, chose qui n’a pas permis la mise en service du système de transfert.

Réalisée il y a plus d’une décennie, l’ancienne conduite d’AEP reste inexploitable

Quelques mois après, les langues ont commencé à se délier. On a appris, récemment, que ce système de transfert n’était pas prêt pour être mis en service. En effet, selon nos sources, en l’état actuel des choses, il est impossible de mettre en service ce système, car la conduite de transport AEP, réalisée il y a plus de dix (10) ans, présente beaucoup de défectuosités, en raison du bâclage des travaux de réalisation et surtout du manque flagrant de suivi.

Nos sources nous ont également fait savoir que le long du tracé de 10 km de cette conduite AEP, en plusieurs endroits, il n’existe ni ventouses ni vannes. «A certains endroits, on s’est juste contenté de poser et d’enfouir sous terre des conduites de transport. Les équipements qui vont avec sont quasi inexistants», confie-t-on. Et d’ajouter : «La conduite AEP nécessite une inspection et une entière réhabilitation avant toute mise en service. Sans cela, il est impossible de procéder aux transferts AEP vers la SP 5.» Interrogé, le P/APC d’Aghbalou a évoqué des défectuosités sur cette conduite de transport d’eau et surtout l’impossibilité de procéder à un quelconque transfert en l’état actuel des choses.

L’édile communal a aussi avoué l’incapacité de ses services à prendre en charge les réparations nécessaires, en évoquant un manque de moyens financiers et humains. Sur un autre chapitre, au sujet du programme d’urgence accordé à sa commune, en juillet 2018, par le ministère des Ressources en eau, portant sur la réhabilitation du système AEP des sept villages d’Aghbalou, le P/APC a confié que le projet piétine et n’avance pas au rythme souhaité. Pis encore, selon lui, ce projet de 50 millions de dinars est confié de gré-à-gré à l’ADE, qui prend juste en charge le remplacement des équipements hydro-électriques, notamment les motos pompes.

Or, selon lui, le système AEP des 07 villages nécessite une entière réhabilitation, notamment de la conduite de transport. Une conduite faite en amiante et surtout sujette à des pannes récurrentes, toujours d’après l’élu. «La commune n’a ni la technicité ni les financements pour changer cette conduite AEP en amiante», explique le P/APC. Selon le même responsable, si rien n’est fait pour parer à cette situation, cet été, les populations vont rencontrer un véritable problème pour s’approvisionner en eau potable.

Djamel M.

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