Alger – Blida – Boufarik le triangle en quarantaine

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Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a assuré, hier, que toutes les mesures pour limiter la propagation du coronavirus sont déjà mises en place. Il a, néanmoins, écarté la mise en quarantaine des Algériens rapatriés. La fermeture de l’espace aérien ainsi que des mosquées reste le sujet qui taraude l’esprit de tous les Algériens qui ne comprennent pas le retard mis par le gouvernement pour prendre ces deux mesures manquant au dispositif mis sur pied, jeudi, par le chef de l’Etat. Djerad, invité hier à l’émission «L’invité de la rédaction» de la Chaîne III, avait tenté d’apporter des réponses à ces deux problématiques qui inquiètent au plus haut point la population.

«Si nous n’avons pas suspendu complètement le trafic aérien, c’est parce que nous avons des concitoyens à l’étranger que nous devons rapatrier», a indiqué le Premier ministre, assurant qu’une fois que tous les Algériens à l’étranger «auront regagné le pays, nous allons prendre la mesure adéquate au moment voulu», écartant par la même de prendre toute décision pour la mise en quarantaine des ressortissants algériens rapatriés. Pour ce qui est de la suspension de toutes les liaisons avec l’Europe qui vient d’être déclarée par l’OMS comme étant «le nouveau épicentre de la pandémie», Djerad a affirmé qu’«elle se fera après une étude minutieuse, objective et réaliste». Et de poursuivre : «Il ne faut pas se précipiter et prendre des mesures qui ne correspondent pas à la réalité, car nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos concitoyens.»

Quant à la non-fermeture des mosquées, au même titre que plusieurs institutions et établissements publics et privés, décidée par le président de la République, jeudi, le Premier ministre a renvoyé la balle aux érudits religieux, lesquels devraient prendre la décision qui s’impose. «Une séance de travail est programmée aujourd’hui même (hier, ndlr) avec les savants musulmans pour étudier et examiner les fondamentaux de la Charia, en vue d’une éventuelle fatwa. C’est aux experts et spécialistes de prendre les mesures nécessaires dans l’intérêt de nos concitoyens», a affirmé Djerad. Pour le premier responsable du gouvernement, «nous sommes face à un virus incontrôlable qui évolue très rapidement».

Et de revenir sur les premières mesures prises dès l’apparition du premier cas confirmé chez le ressortissant italien, le 17 février dernier, consistant en des «décisions prises sur le terrain et aussi d’être très transparents dans la communication avec l’opinion publique». Il a indiqué dans ce sens : «Actuellement, nous nous attelons à généraliser la mise en place des dispositifs sur l’ensemble du territoire national, surtout au niveau de la zone sensible située entre Blida et Boufarik, ayant permis de cerner le virus», a indiqué Abdelaziz Djerad, lequel a annoncé le cloisonnement du triangle Blida – Boufarik – Alger.

«Faute de médicaments et de vaccins, il faut créer un cloisonnement et des barrières pour empêcher la propagation du virus pour qu’il reste confiné dans le triangle Blida-Boufarik-Alger», a-t-il annoncé, estimant que «pour ce qui est du reste du pays, il faut sensibiliser et mobiliser les citoyens». Reconnaissant la défaillance qui existe au niveau des hôpitaux, lesquels manquent de moyens et d’organisation adéquats, le Premier ministre a assuré que des dispositions ont été prises pour pallier cela : «La mise en évidence d’une défaillance au niveau de nos hôpitaux est une réalité, mais il y a des dispositions qui ont été prises (…), notamment à travers l’encouragement de nos ressources humaines qui y travaillent et des moyens que nous avons importé».

Une Fetwa pour fermer les mosquées ?

«En une semaine, nous avons importé pour plusieurs millions de dollars de matériel, tels les caméras thermiques, les kits de prélèvements sanguins, les gants… afin de palier les insuffisances (…) Pas plus tard qu’hier, (samedi ndlr), un avion chargé du matériel arrivé à Alger des Emirats, alors que nous avons déjà importé de France, du Danemark et de la Norvège (…) Pour tout cela, nous avons alloué une première enveloppe de 4 000 milliards de centimes», a détaillé le Premier ministre. Interrogé sur l’éventualité de déclarer l’état d’urgence sanitaire, comme cela a été fait dans certains pays, Djerad a estimé : «nous devons (d’abord) prendre toutes les précautions et nous devons analyser d’une manière objective toute situation (qui se présente) puis, nous allons évoluer graduellement face à cette menace».

Pour le Premier ministre, «il ne s’agit pas d’ameuter l’opinion publique ni de réagir d’une manière intempestive. Nous ne devons pas nous affoler pour autant, car il n’existe ni un médicament ni un vaccin contre cette maladie». Donc, a-t-il poursuivi, «il est essentiel de cloisonner, de circonscrire et d’ériger une sorte de barrière pour que le virus n’évolue pas à travers le territoire national». Et d’assurer que «c’est une situation que nous pouvons contrôler». Abdelaziz Djerad a aussi précisé, sur le plan de la prévention, que «c’est pour cela que nous avons appelé les citoyens à s’abstenir d’aller dans les parcs ou les placettes, de ne pas laisser leurs enfants dehors, afin de limiter un tant soit peu l’évolution de ce virus», en référence à l’avancement d’une semaine des vacances du printemps. Une décision, a-t-il expliqué jeudi dernier, qui ne devrait pas signifier d’aller s’amuser et se grouper.

M. A. T.

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