Ce que disent les ourdisseurs de complots

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Depuis le 22 février, je ne dors pratiquement plus. Je me lève du lit inquiet, je fais les cent pas chez moi, je fume à assommer un bœuf, je prends un café et me morfond dans mes craintes de voir l’Algérie sombrer, au 3e ou 4e vendredi. Et passé le 4e, je me suis mis à espérer, de nouveau, que tout ira pour le mieux, mais il se trouve que les empêcheurs de tourner en rond surgissent de toute part. Ils viennent nous livrer leurs dernières trouvailles, leurs ultimes découvertes, leurs idées aussi saugrenues les unes que les autres.

Et puis, ils nous fourguent des mots dont nous n’avons jamais entendu parler auparavant, comme zouaves, compradores et tutti quanti. Pour zouaves, on m’apprend que ce sont des soldats d’origine kabyle du début de la colonisation, c’est-à-dire en 1830, mais l’occupation de cette partie de l’Algérie n’a commencé qu’en 1857. Comment alors se peut-il qu’il y ait des soldats «zouaouas» avant la prise de leur territoire.

Cela aussi m’indispose et me laisse veiller toute une partie de la nuit pour trouver une réponse à mes questionnements éberlués, nonobstant tout ce qu’on m’a appris de l’histoire de la colonisation de mon pays, l’Algérie. Je n’ai eu aucune réponse, malgré tout les livres que j’ai consultés, les gens instruits que j’ai rencontrés et auxquels j’ai posé la question qui me taraude, sans résultat. Passons, regardons l’Algérie dans le blanc des yeux et disons que cette énorme invention n’est que le fruit d’une entourloupe qui vient tout droit de ce que je craignais au début. Ni dictionnaire, ni mémorandum, ni pense-bête, ni un ouvrage savant n’a pu étancher ma soif ni éclairer ma curiosité.

Je suis donc resté dans mon ignorance et dans ma stupidité incurable. Il va de soi que mesurer sa méconnaissance à l’aune incommensurable des donneurs de leçons et de la gent ourdissant des complots à la va-vite pour atteindre le pays dans son unité, l’Algérie dans son osmose, la Kabylie dans son patriotisme, jamais démenti. Mais qu’à cela ne tienne ! Ni zouaves ni tirailleurs ne semblent assez outillés pour casser l’Algérie.

S. A. H.

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