Les éleveurs de trois villages de haute montagne, dans la commune de Saharidj, se retrouvent à la moindre perturbation climatique séparés de leur cheptel.
Il s’agit des villages : Ivelvaren, Ighzer Iwakuren et Taddart Lejdid culminant à quelque 1 200 mètres d’altitude. À chaque épisode neigeux, les voies d’accès vers ces zones se retrouvent bloquées. Rappelons au passage que ces trois villages ont été rasés par les forces coloniales entre 1957 et 1958 et les villageois ont été parqués dans des camps de concentration aménagés par l’administration coloniale à Raffour pour les deux villages d’Iwakuren et à Bouaklane pour ceux d’Ivelvaren dans la commune de M’Chedallah.
Ces déracinés ont repris les travaux agricoles après l’indépendance et ont renoué surtout avec l’élevage grâce à la disponibilité de pâturages collectifs et de l’eau en abondance. Quant aux éleveurs, ils habitent toujours la où les a parqué l’administration française, même si la plupart ont reconstruit ou restauré leurs habitations dans leurs anciens villages. Ces riverains se rendent chaque matin en montagne pour s’occuper des bêtes qui sont en majorité des bovins et ovins.
Même si les routes qui relient ces villages à la RN30 pour Ivelvaren et Ighzer Iwakuren et la RN15 pour Taddart Lejdid ont été sommairement aménagées et praticables pour les véhicules, elles se retrouvent cependant bloquées durant des semaines à la moindre chute de neige, des moments où les éleveurs se retrouvent séparés de leurs bêtes qui passent ainsi plusieurs jours sans nourriture.
Signalons qu’en plus de la neige, le verglas règne en maître absolu des lieux durant tout l’hiver, ce qui rend ces routes, dont l’itinéraire descend presque à pic sur plus d’une dizaine de km, impraticables sinon extrêmement dangereuses. À l’inverse des deux routes, la RN30 qui relie Saharidj à Tizi N’Kouilal et la RN15 entre Chorfa et le col de Tirourda, qu’on s’attèle à déneiger tant bien que mal au lendemain de chaque chute de neige, ces routes secondaires qui desservent ces villages sont superbement ignorées faute de moyens matériels.
En effet, à part la subdivision des travaux public de M’Chedallah qui a été dotée d’un chasse-neige de très faible puissance par rapport aux abondantes et fréquentes chutes de neige dans la région, aucune des communes de haute montagne soit Saharidj ou Aghbalou n’est dotée de moyens mécaniques adéquats pour débloquer les routes qui desservent les villages qui se retrouvent souvent isolés durant des jours.
C’est un déplorable état de fait rapporté à plusieurs reprises dans ces mêmes colonnes et qui attend toujours une prise en charge des pouvoirs publics. Signalons, enfin, qu’en plus de la neige et du verglas, des éboulements et coulées de boue, des avalanches de rochers et galets se produisent souvent sur ces deux routes qui desservent ces trois villages, ce qui nécessite la mobilisation de moyens mécaniques qui n’existent malheureusement pas dans ces municipalités.
À chacun de ces mouvements géologiques ou atmosphériques, les éleveurs se retrouvent livrés à eux même et luttent à mains nues contre les déchainements continus des éléments naturels durant toute la saison humide qui s’étale sur une bonne moitié de l’année.
Oulaid S.