L’historienne Peggy Derder vient de publier un ouvrage qui propose une synthèse historique de l’immigration algérienne en France. «Immigration algérienne et guerre d’indépendance», une Co édition de la «Cité nationale de l’histoire de l’immigration» et la collection «Le Point sur l’immigration en France», paru en 2012, revient sur ces migrants, alors ni français ni étrangers, qui dès la fin du XIXe siècle, dans le contexte de l’ordre colonial, traversent la Méditerranée. L’accent est mis sur la période de la guerre d’Algérie, lorsque la présence algérienne double au sein de la métropole et se mobilise pour l’indépendance. Une des tendances fortes de cet opus est de focaliser sur le post-colonial. Plus largement, l’actualité et les représentations que l’on se fait aujourd’hui de l’immigration algérienne parasitent souvent l’approche historique. «La présence algérienne en France s’ancre sur plus d’un siècle. Cette immigration a été fortement et précocement politisée… L’immigration devient à la fois un enjeu et une force considérable dans le déroulement de la guerre d’indépendance algérienne…», dispose l’auteure. «Fait historique inédit : une importante immigration de l’ordre de 350 000 personnes en 1962, se mobilise au cœur de la Métropole coloniale pour l’indépendance de son pays », relève-t-elle. Le livre de Peggy Derder arrive à l’heure où foisonne une pléthore d’initiatives afin de revenir sur les mémoires de la guerre d’Algérie. En battant en brèche bien des idées reçues, il rappelle, à juste titre, que le travail d’histoire dans toute sa complexité ne peut être appréhendé sans la prise en ligne de compte de cette histoire par l’Algérie et les Algériens.
N. Maouche