Lettre à Noura

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Par le biais de cette lettre, je voudrais vous transmettre les mots que j’aurais voulu vous dire de vive voix. Ce n’est pas faute de vous avoir rencontrée. J’ai eu maintes occasions de vous exprimer mon admiration, mon estime et ma façon de percevoir votre image artistique, mais je ne l’ai jamais fait, du moins comme je l’aurais voulu. J’aurais eu l’impression de vous dire des évidences qui vous auraient procuré plus de gêne que de plaisir, connaissant votre modestie. Je vous ferai grâce de tous les moments de rêve passés à vous écouter et que j’aime revivre en… vous réécoutant. Ce que j’ai à cœur de vous dire, en revanche, concerne votre situation particulière d’étoile fédératrice dans le paysage artistique algérien. En effet, sans démagogie ni passion déplacée, vous chantez depuis toujours en arabe algérien et en kabyle avec un égale bonheur, nous prouvant par ceci, qu’être Algérien, c’est aussi cela. Sans complexe ni exclusion d’aucune sorte, vous nous avez démontré que la diversité est la richesse qui a forgé notre identité. D’aucun diront que l’initiative de chanter dans les deux langues nous était familière bien avant que vous ne la preniez, grâce, notamment, à des artistes tels que Hadj el Anka, Cheikh el Hasnaoui, Hadj el Ankis, Salah Sadaoui et Akli Yahiatène. Oui, mais, ceux-ci sont allés du kabyle à l’arabe algérien, alors que vous, vous avez rendu l’écho à ses illustres artistes en venant de l’arabe algérien au kabyle, ce qui fait de vous l’unique fédératrice qui a saisi chaleureusement ces mains fraternellement tendues. Pour cela et pour bien d’autres belles choses encore, je vous dis merci et chapeau bas. Je vous souhaite de tout cœur un prompt rétablissement. Revenez-nous vite afin que nous puissions chanter Ayagu en duo. Pour fêter votre guérison.

Lounis Aït Menguellet In Revue Passerelles n°24, octobre 2007

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