Conférence d’Amine Zaoui sur "Éternel Mammeri"

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Dans le cadre du Salon Djurdjura du livre, une conférence a été animée, jeudi dernier, à la bibliothèque principale de lecture publique de Tizi-Ouzou, par l’écrivain Amine Zaoui, ayant pour thème "Éternel Mammeri".

D’emblée, le conférencier dira : «Je ne ferai pas une conférence académique sur Mouloud Mammeri, je laisse cela aux spécialistes. Mais bien que je le rencontrai qu’une seule fois, au Maroc, le personnage m’a immédiatement fasciné». Il ajoutera : «Seul un homme de lettres peut parler sincèrement d’un autre homme de lettres. Mouloud Mammeri fut le conservateur de la mémoire de son peuple». Il expliquera : «Mouloud Mammeri a fait le tour de l’Algérie et même d’une bonne partie de la planète. Ses voyages n’étaient pas de la plaisance, mais des recherches linguistiques et anthropologiques…». Amine Zaoui parlera ensuite du courage de Mammeri : «Ce n’était pas un courage politique, mais un courage savant, il n’avait pas de lignes rouges, il n’aimait pas les interdits. Il était qualifié, à tort, de provocateur, mais Mammeri était un rassembleur». Et d’ajouter sur sa lancée : «Quand on est chercheur, quand on creuse dans les racines comme Mammeri, il n’y a pas de tabous, il n’y a pas de provocations». Amine Zaoui reviendra ensuite sur sa rencontre avec Mammeri : «Je l’ai rencontré pour la 1ère et la dernière fois à Oujda. J’assistais à sa conférence à l’amphithéâtre de l’université, dans le cadre d’un colloque. On était venu de tout le Maroc pour l’écouter. Lors de ce colloque, il fut invité par la télévision marocaine, et comme il ne maîtrisait pas la langue arabe, il m’invita à faire son interprète. J’ai mesuré chacun de mes mots, car son discours était mesuré, savant». Amine Zaoui dira ensuite : «J’ai été choqué d’apprendre son décès à Aïn Defla. Je sentis que j’avais une dette envers lui. C’est ainsi que j’ai fait un documentaire sur lui en 1994, puis ce livre que j’ai intitulé «Eternel Mammeri». Le conférencier citera ensuite une autre sommité, enfant du même village que Mouloud Mammeri, il s’agit de Mohamed Arkoun. «Mammeri s’est consacré à la recherche, à l’histoire Maghrébine dans toute sa profondeur, Arkoum a pris le volet de l’Islam, la charia, la philosophie… Les deux hommes se complètent. Ils me fascinent tous les deux par leur courage. Arkoum nous a proposé un Islam humaniste, moderne et progressiste et non un Islam salafiste». Amine Zaoui reviendra sur Mammeri : «Notre devoir, nous élite, est de remettre les choses à leur juste valeur. L’histoire de l’Algérie ne commence pas avec l’arrivée des Arabes, avec l’avènement de l’Islam, mais bien avant. Tout ce que nous vivons comme crises, c’est parce que nous sommes déconnectés de notre Histoire».

M A Tadjer

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