L’amour ne meurt pas de M. C Zirem

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Le poète Mohand Cherif Zirem nous invite à décrypter des textes d’une très rare beauté. Par le truchement des vers libres, il nous ouvre les portes d’un cœur «broyé», partage avec nous son amour pour la femme, pour la nature, pour l’écriture.

Il rend aussi un hommage à l’une des plus belles villes d’Algérie, Béjaïa. «L’amour ne meurt pas / Il se contente de partir / Il se contente de se cacher / Dans un passé plus clément / Dans un avenir à réinventer / Dans un immense inconscient / Où la beauté est exquise / Où la vérité est absolue / Où les sentiments sont sincères est spontanés. / Quand on se croit loin de cet amour obstiné / Quand on fait semblant de le fuir / D’écrire de nouvelles pages / De nouvelles phrases / On s’arrange avec un quotidien monotone / Pour créer tant de détours / Tant de contours / On s’accroche à des chimères / Pour perpétuer l’amnésie…L’amour ne meurt pas / Il nous boude / Il nous blesse / Il nous éloigne de son éden / Quand on ne sait plus le tenir dans nos bras / Quand on oublie de l’embrasser harmonieusement chaque jour, chaque instant…L’amour nous quitte quand on délaisse l’autre aile / Quand notre narcissisme ne voit plus que soi / Parfois, l’amour nous quitte vainement / Dans une absurde logique / Il nous juge / Il nous condamne / Il nous quitte / Mais il ne meurt pas / Il nous emprisonne / Il nous exile», écrit l’auteur de ce livre magnifique. Dans un style simple et captivant, le poète nous décrit les blessures indélébiles de l’amour, en tentant de revisiter sa propre mémoire. Mohand Cherif Zirem, qui est aussi psychologue clinicien, ne se contente pas d’une description superflue mais analyse les sentiments et les réactions avec une indéniable lucidité. «Ecrire / C’est la beauté incarnée / Les mots nous accompagnent souvent / Et nous aident à comprendre nos peines / Nos déchéances et nos démences / Ecrire est un acte sublime / Qui nous invite à un interminable voyage / Dans les méandres d’un passé lointain / Notre passé. / Comme un somnambule / On cherche tous les mots / Toutes les lettres qui font le puzzle d’un inconscient / Un inconscient presque inaccessible», peut-on lire dans un poème consacré à l’écriture et à la poésie. Dans un autre poème Zirem écrit sur Béjaïa. «Bougie / Perle du Maghreb / Cité enchanteresse / Ville des sciences et des lumières / Incarnation des mythiques chandelles / Bgayet / Terre des vestiges historiques / Lesquels témoignent d’une glorieuse histoire / Une lointaine histoire / Tous tes espaces sont merveilleux / Tous tes espaces sont singuliers / Tous tes espaces sont à sauvegarder. / Tes vieilles ruelles sont captivantes / Elles invitent à un voyage dans le temps / Ce temps qui se conjugue encore / Les belles filles chantent la lumière / Et propagent les parfums exotiques / Les bambins jouent sans cesse / Et nous rappellent notre enfance. / Les vieux se retrouvent dans tes beaux jardins / Et allument les rêves nostalgiques. / Les femmes et les hommes se cherchent / Et peinent à forger un lendemain meilleur / Le futur semble incertain pour cette génération / Egaré sur les chemins d’une gloire ancienne. / Ville enchanteresse / Yemma Gouraya veille sur toi depuis toujours / Béjaïa / Ce paradis terrestre où la flore et la faune envoûtent / Comme dans forêts lointaines / La montagne, la plaine et la mer / Se marient harmonieusement. / Fort Gouraya, Muraille des Hammadites, Cap Carbon, Pic des singes… / Des haltes incontournables / Qui deviennent des demeures pour les âmes. / La laideur imposée par la folie des hommes / N’arrive guère à cacher la beauté légendaire / Ces morceaux de bétons hideux / Forment des champignons sans couleurs / La robe architecturale est en haillons / L’incivisme invente de nouvelles lois / Et sème l’anarchie. / Le laisser-aller progresse aveuglement / Mon beau pays se voile les yeux», écrit le poète. Mohand Cherif Zirem est très sensible, il nous livre ses sentiments les plus intimes. Il est aussi témoin des multiples dépassements que connaît son pays, que connaît le monde entier. L’ex-journaliste de l’hebdomadaire, Le Kabyle de Paris, est un humaniste infatigable qui n’a pas froid aux yeux pour dire la vérité. Zirem vient de réussir une très belle œuvre, qui est tantôt poétique, tantôt philosophique. Les amoureux de la littérature s’abreuveront, démesurément, d’une fontaine intarissable, une fontaine où le texte bien ficelé se marie harmonieusement avec les métaphores exquises et les pensées profondes. Le livre de Mohand Cherif Zirem est digne des plus belles œuvres universelles.

Ali Remzi

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