La littérature berbère, de l’oralité à l’écrit

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Une table ronde, autour du thème «Le passage de la littérature berbère de l’oralité à l’écrit», a été animée, jeudi, par des enseignants et chercheurs de l’université de Tizi-Ouzou, à la Maison de la culture, dans le cadre de la célébration du 3e anniversaire de l’officialisation de Tamazight.

Kaci Saadi, enseignant-chercheur, a souligné lors de son intervention l’apport de Boulifa et de Mouloud Mammeri à l’écriture en kabyle : «Ils furent l’un comme l’autre des pères spirituels et des passeurs du flambeau». Il précisera : «Boulifa est le premier Algérien à avoir pensé à écrire en kabyle.

Avant lui, seuls des Français : généraux, administrateurs, pères blancs et universitaires, l’avaient fait, mais à des fins colonisatrices. Boulifa a consacré pratiquement toute sa vie à l’écriture d’une grammaire, de cours d’enseignement de la langue kabyle pour les francophones et les kabyles, en plus de collecter des recueils de poèmes kabyles, notamment ceux de Si Moh Oumhand.

Il a également travaillé sur la spécificité kabyle contre l’écriture coloniale, notamment dans Le kanoun d’Adni, et sur l’histoire du Djurdjura, de l’antiquité jusqu’à 1830». L’universitaire dira de Mouloud Mammeri : «Il a consacré sa vie à l’anthropologie et à l’oralité pour sauvegarder un savoir hérité en grande partie de Boulifa». La doctorante en littérature, Hakima Bellal, parlera elle de l’apport de Belaid Aït Ali à l’écriture en kabyle. «La littérature avant Belaid Aït Ali était transcrite plutôt qu’écrite.

Les auteurs se sont contentés de transcrire les textes tels qu’ils les avaient entendus. Quant aux écrits de Boulifa, ce sont plutôt des textes en prose qu’on qualifie de textes ethnographiques. Ils sont organisés par thèmes, autour de la naissance, l’adolescence, la mort, l’agriculture, l’artisanat, etc.

Ce sont des textes prosaïques écrits par un Kabyle en kabyle, mais on ne peut pas les qualifier de textes littéraires, d’autant plus qu’ils sont destinés à servir de support didactique». L’intervenant qualifie Belaid Aït Ali d’écrivain prolifique : «Le premier qui a écrit en kabyle, c’est bien Belaid Aït Ali. Il y a eu des essais à la même période de la part de Yamina Saadi, Belkacem Mammar et Brahim Zellal qui se sont limités à un seul texte du genre fable. Ils ne se sont pas inscrits dans la durée comme Belaid Ait Ali qui lui a écrit entre 1945 et 1946.

C’est très court, mais ce fut un écrivain prolifique. Il a écrit dans plusieurs genres et malgré tout ce qu’on peut dire sur la classification générique, il a écrit les premiers romans, des nouvelles et des pièces théâtrales. Aït Ali a apporté à la littérature la diversité du genre», a-t-elle conclu.

Sonia Illoul

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