«Le film amazigh n’est pas que la langue»

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«Tamazight est nationale est officielle, il y a la reconnaissance de yennayer comme un repère identitaire et historique, il y a aussi cette intention d’encourager la création amazighe mais sans exclure quoi que ce soit. Ce qui m’intéresse le plus, c’est cette réflexion de Mammeri qui disait : «La langue amazighe n’est pas dirigée contre quelque chose, elle est dirigée pour quelque chose».

Tamazight ne se dresse pas contre les autres cultures, elle ne doit pas subir les autres cultures, c’est une langue millénaire. Elle a traversé des périodes d’injustice. Mais désormais, je pense que nous sommes arrivés à une étape qui doit être consacrée au travail et à la création. Une culture et une langue ne peuvent survivre que lorsqu’on produit dans cette langue. C’est ce qui peut l’entretenir sans chauvinisme, sans haine, sans destruction.

On ne peut comprendre la frustration d’une jeunesse, mais pas la destruction d’un théâtre ou d’un édifice qui abrite la culture. Maintenant, il y a aussi la gestion de la culture par le politique et le politique ne doit pas gérer la culture, celle-ci doit être gérée par ceux qui l’a font. Le film amazigh, ce n’est pas uniquement la langue, certes elle est importante mais il ne faut pas oublier l’essentiel, le fond littéraire, le fond oral, la poésie, la peinture…

C’est tout ça qui va ensemble et constitue une mosaïque de création. Le film amazigh est dans cette lignée. Par ailleurs, un effort doit s’inscrire avec des moyens professionnels et avec une formation, il ne faut pas se précipiter. C’est pas parce qu’on bricole avec un petit appareil qu’on peut faire un film.

Nous n’avons malheureusement pas la tradition du mécénat et du sponsoring, nous n’avons pas encore imposé, de part la qualité, un programme qui doit être financé par le ministère de la Culture, il faut d’abord aller vers la qualité du projet, n’importe quelle télévision ne peut pas financer tous les projets… Il faut aller vers la qualité et il faut passer par la formation qui est indispensable. Il faut aussi avoir le courage de travailler collectivement, il faut prendre toutes les compétences pour faire un produit».

Propos recueillis par S. I.

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