Mouloud Feraoun, l’éternel Fouroulou

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Mars est le mois de Mouloud Feraoun. Il est né en ce mois printanier de l’année 1913 et y fut assassiné en 1962, quelques jours à peine avant l’indépendance. L’enfant de Tizi Hibel, village de Béni Douala, est né un 8 mars. Une autre date symbolique. Fouroulou ne s’est jamais départi de sa condition de fils du pauvre.

Dans son œuvre, il a décliné toutes les facettes d’un pays colonisé qui n’attendait qu’un petit interstice pour saisir le rayon de lumière qui éclairera son chemin vers la libération. Feraoun a été l’écrivain qui a le mieux exprimé le mal des siens dans toutes ses dimensions. «Le fils du pauvre», «Les chemins qui montent», «La terre et le sang», «Le journal» ont fait de lui le père de la littérature algérienne.

Instituteur du village, il observera les siens avec un regard critique mais plein d’amour. Le village était pour lui le théâtre où se jouait une pièce existentielle dans toutes ses facettes. La joie, la tristesse, les espoirs mais aussi les intrigues qui nouaient le quotidien des villageois pour en symboliser la condition humaine.

L’écrivain était un parfait francophone, dont le style reste jusqu’aujourd’hui une exception. Feraoun a eu le génie, comme l’affirmeront ses contemporains, d’écrire la langue kabyle en français. En lisant Le fils du pauvre, on a en effet l’impression d’entendre les personnages parler dans leur langue maternellee.

L’amour pour les siens portera Fouroulou à s’intéresser à leur patrimoine littéraire oral. Il consacrera tout un livre aux poèmes de Si Mohand Oumhand. 59 ans après sa mort, l’œuvre de Mouloud Feraoun est l’une des plus lue de la littérature algérienne. Plusieurs de ses romans ont été traduits en tamazight. Son œuvre témoigne de l’histoire d’un peuple qui a souffert de sa condition de colonisé. Feraoun a été un éveilleur des consciences.

Mais Le fils du pauvre, qui s’est frayé un chemin dans le monde des grands écrivains, ne vivra pas assez longtemps pour voir l’indépendance dans tous ses éclats. Il en a rêvé, en a parlé en visionnaire, pour avertir les siens des chemins qui ne cesseront de monter. Mouloud Feraoun a été assassiné le 15 mars 1962, à quelques jours seulement de la signature du cessez-le-feu.

Les balles de l’OAS ont certes tué l’homme, mais elles n’ont pas tué l’écrivain ni encore moins le visionnaire. Mais l’on ne peut que déplorer le fait que ce grand homme de lettres n’a pas les hommages et les anniversaires qu’il mérite et l’anniversaire de sa mort passe encore sous un trop grand silence.

Akli N.

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