Médiocre !

Partager

Décidément, c’est une tradition ancrée dans le paysage audiovisuel algérien qui dès le mois de ramadan inonde l’antenne de productions toutes médiocres les unes que les autres, à se dire que la production audiovisuelle se limite à un mois.

Manifestement, le travail cette année encore a vraisemblablement sombré dans le dérisoire, vu le programme diffusé sur les quatre chaînes ENTV, A3, Canal Algérie et la Chaîne tamazight. A première vue juste après la rupture du jeûne, c’est le ridicule sitcom du réalisateur Djaâfar Gacem qui ouvre le bal avec des prestations d’acteurs qui frisent le ridicule heureusement que ce dernier et selon le célèbre adage ne tue pas. Voulant imiter les sitcoms américaines, le réalisateur avec sa bande de pseudo comédiens flirtent avec le burlesque jaugé d’un scénario pitoyable, ce qui a fait fuir l’audimat vers les chaînes satellitaires arabes à l’image de Nessma TV, la chaîne tunisienne dont la réussite devrait inspirer certains.

Après une longue page de pub qui agace les familles algériennes vu que le temps consacré aux spots publicitaires dépasse celui du programme, les nerfs des téléspectateurs explosent et sont mis à rude épreuve.

L’autre feuilleton risible, un navet dans le jargon des productions audiovisuelles, est l’hadj Lakhdar qui est aigri dans le milieu et est semblable aux précédents dans le travail.

La caméra cachée du comédien en herbe Mourad Khan n’apporte rien sinon de l’ennui, c’est un carnage qui en dit long sur l’état de la profession en Algérie et on est souvent rattrapé par la nostalgie d’antan ou le cinéma algérien était prestigieux de par la pléiade d’acteurs qu’il renfermait ainsi que de grands noms de réalisateurs à l’image de Lakhdar Hamina qui a même obtenu la Palme d’or à Cannes pour son œuvre Chroniques des années de braise, ainsi que les Rouiched, Mustapha El Anka et Boubegra. A 21h, A3 programme un feuilleton social El Qilada, une réplique des feuilletons des années précédentes, un mélange agaçant de larmes, cris et débilités. Quant à l’ENTV elle programme Djourouh El Hayat, qui vous le devinez est une mascarade ambulante. Sur Canal Algérie, c’est une série qui raconte la vie de la communauté algérienne établie à Montréal qui est mise en avant avec autodérision en caricaturant le tout avec médiocrité et une imperfection burlesque. Alors une question s’impose : pourquoi ce carnaval ? Qui est derrière cette programmation anarchique et tout simplement nulle. On vous bourre le cerveau avec de la pub car le reste n’intéresse pas, des acteurs peu convaincants, des scénarios cacophoniques et des dialogues grotesques au sens figuré. Aussi, le fait marquant c’est l’autodérision des réalisateurs qui caricaturent le kabyle et la Kabylie en général, une honte. En effet, certains acteurs et en l’absence de talent ne se gênent guère pour prendre un accent kabyle afin de faire rire sachant qu’ils se ridiculisent et se rabaissent comme des serviteurs acceptant n’importe quel scénario. basta, shame on you. Cette pratique mérite bien ce proverbe qui caractérise le mieux l’absence de culture chez les réalisateurs et les acteurs qui ne sont pas du tout inspirés et fricotent avec la caricature. « La culture c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale”. Certains sont devenus misogynes, en méprisant les femmes avec des dialogues machistes comme Boukhars qui ne se gêne pas pour rabaissser la femme. Alors mettez-vous au travail et cessez de spolier l’image de la production audiovisuelle ou à défaut laissez la place aux compétents à l’image d’Ahmed Rachedi ou de Merzak Allouache qui innovent dans le domaine, c’est un régal.

Hacène Merbouti

Partager