Par Kamel Omar
Non, M. Tabbou, le peuple n’est pas au-dessus de la Constitution. C’est bien l’inverse : le peuple, dans toutes ses composantes, est la source de la loi. Et celle-ci doit être au-dessus de tous et de tout. Le peuple, tout le peuple, y compris les minorités, est la source de la loi qui, une fois établie, doit être respectée. Sinon ce ne serait rien d’autre que la dictature de la majorité, qu’elle soit réelle ou factice, au détriment bien sûr des minorités.
Inscrivons-nous dans un cas de figure contraire à ce qui se produit actuellement dans le pays pour mieux cerner la problématique. Supposons que c’est l’inverse qui s’est produit : des manifestations populaires pour réclamer l’abolition de la République et le passage à un État théocratique où monarchique avec le maintien de la dynastie actuelle. M. Tabbou serait-il d’accord ?
La loi, dans ses aspects fondamentaux, doit être juste et inclusive. Et une fois établie, inviolable. Le caractère républicain, l’identité plurielle, la séparation des pouvoirs, les libertés de culte, d’association et d’expression, l’égalité de tous, doivent être figés par des lois inviolables qui transcendent le temps et la masse. D’ailleurs n’est-ce pas cela notre problème aujourd’hui ?
Attenter au projet républicain et triturer la loi à volonté sous le fallacieux prétexte de la volonté du peuple. Non, le peuple, ou la majorité qui manifeste, doit réclamer l’application de la loi. Dans sa version authentique, inviolée. Sinon acceptons d’aller vers un État autocratique ou théocratique, si un jour 51% du peuple le demande. Et vous savez que ce risque n’est pas à écarter.
K. O.