Delirium tremens d’un Algérien

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Par S Ait Hamouda

Se la couler douce, sans faire de bruit, sans un chuchotement, sans une respiration un peu trop bruyante, sans un rot suivi d’«Al Hamdou lilAllah» qui risque de réveiller un chameau endormi. On se la coule douce, on fait la grasse matinée, on somnole, puis on s’égare dans des soucies entre éveillé et pas encore sorti du cirage, on pense à quoi de particulier ? Aux lendemains qui chantent. Mais que chantent-ils ces lendemains ? Les fleurs aux chromos multiples, les oiseaux du paradis aux plumages bariolés, les gens heureux de leur destin, de leur sort et les enfants et les filles dansants la farandole et joyeux. Auquel cas, ne pas trop faire du zèle même dans la liesse, on risque de bien se gourer d’un bonheur factice.

Il faut être mesuré, sage, serein, tranquille devant la fatalité, quand bien même, celle qui suscite le festoiement débridé. On serait bien renseigné de se ménager sans retenu, pour garder notre souffle et continuer notre longue marche sans que rien ne puisse nous obliger à hésiter, ne serait-ce qu’une seconde. Notre marche à travers les monts et les vaux de nos chimères nous amène, pas à pas, vers le bout de nos songes où nous retrouvons nos anciennes habitudes surannées. À chaque pas, on retrouve une faille qu’on comble, puis on poursuit le chemin en direction du destin commun.

À ceci près qu’on débite des incantations pour tromper les diables qui nous surveillent de près, le fusil au pied. Qu’à cela ne tienne, du rêve somnambule au dandinement de l’ivrogne, il n’y a qu’un pas qu’on ne peut franchir, soit en étant sobre ou radicalement déglingué, il y en a de valse-hésitation pour se faire harakiri qu’au détours de ce que l’on considère comme un bifurcation en épingle à cheveux. Là pour se mettre en position rituelle, assis en position du lotus, puis s’éventrer d’un coup sûr. Mais on n’en est pas là, ce n’était qu’un cauchemar fait dans la précipitation par un dormeur qui s’éveille avec le même entrain qu’il avait au moment de s’assoupir.

N’en disculpons personne en la demeure mais restons les yeux ouverts pour que nul ne doute que nous ne dormions pas.

S. A. H.

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