à l’instar de nombreux autres villages de la commune d’Aghbalou, le village Ivehlal, perché sur le versant Sud du Djurdjura, à quelque 70 km du chef-lieu de Bouira, est aux prises avec l’enclavement et le sous-développement.
Au chapitre eau potable, à titre d’exemple, aucun foyer ne dispose d’un robinet individuel. Pour les autres commodités de base, comme l’électricité et le gaz naturel, plusieurs foyers en sont dépourvus. Le réseau routier, lui, est dans un état très dégradé. À l’exception de la route principale du village, retapée il y a près trois ans, les autres accès n’ont jamais été bitumés.
Ils ressemblent d’ailleurs plus à des pistes dégradées qu’à des tronçons de route carrossables. A ces problèmes s’ajoute le manque de structures d’accompagnement de jeunes. Devant tous ces déficits, les jeunes du village, qui abrite quelque 4 000 âmes, ne restent pas les bras croisés. Bien au contraire, ils font tout pour améliorer leur cadre de vie avec les moyens du bord.
Ils s’organisent, souvent, autour d’actions de volontariat, consistant principalement en le nettoyage des routes et ruelles du village et leur l’embellissement, la réalisation de fresques… Tous les efforts sont, en effet, déployés pour faire du patelin un lieu propre, beau et accueillant. La même organisation est observée quand il s’agit de réclamer leur part de développement.
Dernièrement, les villageois, à travers les représentants du comité de village et le mouvement associatif, ont convié des élus, à leur tête le député Djamel Bahloul (FFS). Il y avait aussi Ahmed Boutata, P/APW de Bouira d’obédience RND, des élus à l’APW, ainsi que l’exécutif communal d’Aghbalou, conduit par le P/APC et des représentants de plusieurs directions et services de la wilaya.
Ainsi, durant plus de deux heures de débats, les membres du comité de village et du mouvement associatif ont exposé les doléances et préoccupations inhérentes au quotidien d’Ivehlal.
Le lancinant problème d’eau potable
Parmi les points débattus, le sempiternel problème du manque d’eau. Ivehlal subit, en hiver comme en été, la rareté de ce liquide précieux. Le hic, c’est qu’aucune maison n’est dotée de son propre compteur. Actuellement, un robinet est placé dans chaque quartier, et l’eau ne coule qu’entre une à deux heures par jour, parfois une fois par semaine.
Ce déficit oblige les villageois à recourir au remplissage de leurs citernes à plus de 1 200 DA. La situation est plus compliquée en période d’été, lors de laquelle aucune goutte d’eau ne coule des robinets installés dans les quartiers du village. Heureusement qu’il y a la source «Amizav», aménagée au centre du village, laquelle permet aux villageois et même à ceux des patelins voisins d’étancher leur soif.
Très convoité, ce point d’eau douce ne désemplit pas de jour comme de nuit. Il faudrait s’armer de patience pour remplir ses jerricans. Il faut noter que les villages de la commune d’Aghbalou ne sont pas concernés par l’approvisionnement en eau à partir du barrage «Tilesdit» (Bechloul), comme c’est le cas de plusieurs communes de la wilaya de Bouira, alors que la conduite qui les alimente, raccordée à partir de l’oued Sahel depuis les années 1970, est devenue tellement vétuste et obsolète que les stations de pompage tombent souvent en panne.
Par ailleurs, le projet d’approvisionnement de la commune à partir de Laïnser Averkane (la Source noire), à Saharidj, est à chaque fois renvoyé aux calendes grecques pour diverses raisons. Les villageois ont exhorté leurs hôtes à tout faire pour régler définitivement le problème. D’autres points ont été abordés lors de cette rencontre, comme le captage des sources et les réservoirs.
L’assainissement, le gaz et les routes, des lacunes à prendre en charge
Il est aussi question de l’extension du tracé de l’assainissement, afin de toucher d’autres quartiers non encore raccordés, notamment les nouvelles habitations, dont les propriétaires se sont vu contraints de procéder à la réalisation de fosses septiques, comme solution de substitution, pour évacuer les eaux usées.
Un procédé dont l’impact désastreux sur l’environnement n’est plus à démontrer. Les habitants ont aussi profité de l’occasion pour soulever le danger des glissements de terrain auquel est confronté le village, dont plusieurs maisons et routes se sont effondrées ces dernières années.
Les intervenants ont aussi appelé à la nécessité d’ouvrir de nouvelles pistes agricoles et l’aménagement de celles réalisées depuis plusieurs années, afin faciliter l’accès aux vergers et autres champs et la réalisation de logements dans le cadre de l’habitat rural. S’agissant des routes du village, pour la plupart impraticables, le bitumage est vivement réclamé.
Les habitants rappellent que, hormis la route principale, les axes secondaires n’ont jamais bénéficié été bitumés. Pour l’électricité, plusieurs maisons ne disposent pas à ce jour de cette énergie et beaucoup de quartiers sont dépourvus de l’éclairage public. Au volet gaz naturel, quoique près de 80% des foyers aient été raccordés, des citoyens attendent avec impatience l’intervention des services compétents pour le branchement de leurs habitations à ce combustible.
Concernant le volet sanitaire, l’unique salle de soins du village n’est pas équipée et manque de personnel médical. Une seule infirmière y exerce et de manière irrégulière, ont rapporté les villageois, appelant les services concernés à procéder à l’extension de la salle de soins, pour en faire une polyclinique, avec l’installation, de manière permanente, d’un médecin généraliste et d’un dentiste.
Ceci «afin d’alléger les souffrances des malades qui, pour une simple injection ou un mal de dent, se déplacent au CSP de Tazmalt (Béjaïa) ou à celui de Takerboust, au chef-lieu de la commune d’Aghbalou», déplore-t-on.
Le mouvement associatif volontaire et impliqué
Dans ce village caractérisé par un isolement quasi total, le mouvement associatif (sportif, social et culturel) apporte une véritable dynamique. Bien que les jeunes ne disposent pas de moyens, la volonté d’améliorer les conditions de vie ne leur fait pas défaut.
D’aucuns insistent sur l’importance de soutenir financièrement ces comités et associations, afin de les aider à mener à bien leur missions d’intérêt commun. Une manière aussi de promouvoir le volontariat et la solidarité villageoise, qui a énormément contribué à combler les manques posés. Au terme de cette rencontre, les élus se sont engagés à tout faire pour transmettre les revendications exposées à qui de droit et à plaider pour leur prise en charge effective.
M’hena A.

