Du bois pour affronter l’hiver

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L’alimentation de la commune d’Adekar en gaz naturel prend les contours d’une douce chimère. Du moins, pour l’avenir proche. Désenchantés et frustrés, les habitants de cette contrée montagneuse, ouverte à tous les vents et exposée à tous les aléas climatiques, ont vite fait de préparer leurs provisions de bois, avant que l’hiver déchaîne ses rigueurs. «Dès le début du mois de septembre, les gens investissent les champs, les bosquets et même le domaine forestier à la recherche de ce combustible.

Les terrains étant le plus souvent accidentés, les fagots de bois sont d’abord déplacés dans des espaces accessibles aux véhicules pour ensuite être transportés à l’aide d’un tracteur agricole», témoigne un citoyen d’Adekar, apostrophé à hauteur de la localité Lambert. «Ceux qui n’ont pas suffisamment de temps pour ramasser le bois ou préfèrent l’acheter doivent débourser 12 000 DA en moyenne pour acquérir le chargement d’une benne», confie un villageois d’Assif El Hammam, affairé à débiter des troncs d’arbres fraîchement débarqués des champs. «Le bois est notre combustible principal.

On s’en sert aussi bien pour se chauffer que pour cuisiner», dira-t-il. D’aucuns parmi les villageois, signale-t-on, s’y prennent comme au bon vieux temps. Ils se constituent progressivement leurs stocks de bois sec, qu’ils engrangent à dos de baudet. Un moyen de locomotion tombé en désuétude, mais qui se révèle un allié précieux et indéfectible dans ces collines accidentées, interdites à toute mécanisation. «Chaque année, c’est quasiment le même rituel. On se prépare comme on peut pour ne pas être pris au dépourvu par les changements climatiques, imprévisibles et violents. Mais les incendies de forêt, la sécheresse et la pression démographique rendent le bois de plus en plus rare.

A cet effet, on doit songer à trouver rapidement une source d’énergie alternative», souligne un quadragénaire du village Akvouche, qui se dit, par ailleurs, interloqué par l’impasse faite sur le projet du gaz naturel. «Sous nos cieux, tout marche curieusement à rebours. Sinon, comment expliquer le fait que des villages isolés dont les habitants grelotent de froid soient les derniers sur la liste des candidats au raccordement au gaz naturel», dénonce-t-il. Pour leur part, les habitants de Toukval, chef-lieu communal, rappellent à qui veut bien l’entendre que les villages et hameaux reclus au fin fond de la montagne d’Adekar sont touchés de plein fouet par des épisodes d’intempéries et des tempêtes de neige, qui les isolent du reste du monde. «Quand le manteau neigeux se fait dru, c’est la paralysie totale. Plus moyen pour les campagnards d’aller quêter une improbable bonbonne de butane et même d’évacuer un malade», se plaint-on.

Nacer M.

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