En hommage à Tahar Oussedik

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Le Centre de loisirs scientifiques (CLS) de Tizi-Ouzou a abrité, le 30 juin et le 1er juillet 2019, la 2e édition du Festival de montages poétiques.

Ce rendez-vous organisé par l’association culturelle «Taflest», en collaboration avec le ministère de la Culture, se veut un hommage au regretté écrivain Tahar Oussedik, auteur de plusieurs ouvrages traitant le volet historique de la Kabylie, on citera, entre autres : «La Berbérie», «Le Royaume de Koukou», «Lalla Fadma N’Soumer», etc.

Au menu de cette deuxième édition figuraient plusieurs activités. Après l’ouverture officielle par la présidente de l’association culturelle «Taflest», Fahima Sediri, en compagnie de deux invités d’honneur, en l’occurrence le chanteur Taleb Tahar et le poète Ahcène Mariche, la matinée de cette première journée est ouverte par la chorale «Tadukli» du village Azemmur Oumeriem, le village lauréat du premier prix du concours Aissat Rabah du village le plus propre de la wilaya de Tizi-Ouzou.

Ce montage poétique était une succession de petits passages extraits des chansons des plus célèbres chanteurs kabyles, à l’instar d’Aït Menguellet, Slimane Azem, Matoub, Taleb Rabah… et du poète Mohia, déclamés par de petits adolescents et adolescentes, accompagnés par la musique originale du texte. Juste après, des chants traditionnels (Icewwiqen et Urar) sont magistralement chantés par une troupe de femmes ayant porté, fièrement, pour la circonstance, des tenues kabyles.

Cela a donné un cachet festif à cette rencontre littéraire. Et comme les montages poétiques des participants sont soumis à l’appréciation des membres de jury, ces derniers auront à désigner, à la fin du Festival, les lauréats de ce concours. Les participants se donnaient corps et âme dans l’accomplissement de leur mission, ce qui était visible dans le montage poétique «Aḥeddad n Lqalus», un texte d’une légende kabyle proposé par Fahima Sediri et interprété par une pléiade de comédiens amateurs.

Résumé de la cette légende. «Au village de Lqalus habitait un riche forgeron, mari d’une jolie femme. Un jour que les hommes devisaient sur la place, l’un d’eux se fit fort de ravir au forgeron son épouse pourvu que, le moment venu, les autres témoignent en sa faveur. Ils jugèrent d’abord le projet insensé, puis finir par s’y rallier. L’homme se rendit auprès du Conseil du village, auquel annonça qu’il avait entendu le forgeron répudier sa femme par trois fois, selon le rite. Celle-ci était libre et il allait donc l’épouser.

Devant l’étonnement des conseillers, il offrit de présenter des témoins. Tous ceux qui avaient été avec lui sur la place virent confirmer ce qu’il avait avancé. Le Conseil décréta le divorce effectif. La femme dut partir et, peu après, l’homme l’épousa. Comble de l’histoire, on a fini par enlever au forgeron jusqu’à ses terres.

A la fin, il se vengera. Un soir de grand vent, où tout le monde dormait, le forgeron se leva et, commençant par un bout du village, visita toutes les portes qu’il ferma de l’extérieur. Puis, il prit une botte de paille, la passa par la lucarne du haut de sa maison et y mit le feu. Une grande flamme s’éleva.Les ennemis aussitôt accoururent. Ils entourèrent Lqalus et y mirent le feu de partout. Quand les flammes atteignirent les premières maisons, les hommes réveillés se précipitèrent vers leurs fusils. L’un après l’autre, ils venaient buter sur les lourdes portes de frêne fermées de l’extérieur».

Durant l’après-midi de cette journée, une conférence-débat a été animée conjointement par Hamid Bilek, Ahcène Halouane, Abdenbi Ramdane et Laceb Djamel. Dans sa communication, Hamid Bilek a mis en exergue l’importance de la poésie dans la préservation de la langue : «C’est grâce à nos poètes que la langue existe encore. C’est grâce aux poètes, comme Cheikh Mohend Oulhocine, Si Mohand Ou Mhand, Youcef Oukaci et d’autres que notre culture résiste encore. Mouloud Mammeri savait tout ça, c’est pour cela qu’il a donné de l’importance à ces poètes dans son travail.» Et d’ajouter : «La poésie est le reflet de la société».

Abordant la sauvegarde de l’identité amazighe sur les plans institutionnel et constitutionnel, le conférencier suggère que le préambule de la Constitution qui stipule que l’Algérie est terre arabe soit remplacé par l’Algérie est terre algérienne ou amazighe. «Puisque, Yennayer est fêté et reconnu en Algérie, donc c’est une preuve institutionnelle que l’Algérie est amazighe», argumente-t-il.

Pour l’intervenant, la meilleure manière de se réapproprier l’identité du peuple amazigh est de «réécrire notre Histoire par nous-mêmes, comme faisait Tahar Oussedik. Une écriture historique d’une manière romancière car si l’on ne peut pas refaire l’histoire, on peut néanmoins la réécrire». A noter, enfin, que plusieurs ventes-dédicaces ont été programmées avec les écrivains et poètes Idir Bellali, Hacène Halouane, Ahcène Mariche, Ramdane Abdenbi…

F Moula.

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