“Il faut aller vers un nouveau paradigme de gouvernance!”

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M. Mohamed Seghir Babès, que nous avons approché hier à Tizi-Ouzou, plaide pour une large décentralisation du pouvoir, afin de permettre une efficacité de la gouvernance, au niveau local et national.

La Dépêche de Kabylie : Vous venez de clôturer la première partie de la rencontre de concertation sur le développement local, regroupement sous l’égide du Conseil national économique et social (CNES) consacrée aux wilayas de Tizi-Ouzou, Boumerdés et Bouira, quelle appréciation faites-vous des débats qui y ont prévalu ?

M. Babès : J’ai noté une franchise de propos absolument remarquable, que j’ai salué au demeurant. Je dois dire que c’est une louable initiative, de nature à confirmer que nous sommes sur une ligne de vertu qui nous permet de constater que même les walis, dans pratiquement toutes les wilayas du pays, deviennent eux-mêmes contestataires.

Justement, c’est toute la problématique de la centralisation excessive qui a été posée et dénoncée par les intervenant, notamment les trois walis présents, comment concevez-vous, justement, cette problématique ?

C’est évident ! Quand ça atteint des limites comme celles qui existent en ce moment, assurément, les cadres d’un champ déterminé implosent et, naturellement, il y a une concentration de contradictions qu’il faut maintenant rompre et sur lesquelles, il y a toute une série de nœuds gordiens et de rigidité qui sont installés et qu’il faut absolument rompre. Les walis, eux-mêmes, vivent des situations où leurs pouvoirs, comme déconcentrés d’état, sont devenus quasiment problématiques. Vous avez, d’ailleurs, bien suivi avec nous, aujourd’hui (hier, Ndlr), qu’effectivement, le suivi et l’exécution des différents programmes publics deviennent de plus en plus problématiques et difficiles parce qu’il y a beaucoup de rigidités qui se sont installées dans le système. Nous allons voir, aussi, quand on rencontrera les élus et les membres de la société civile, je suis persuadé que, de la même façon que nous l’avons constaté à travers le reste du territoire national lors de nos visites à travers toutes les wilayas où nous avons développé ce rapport convivial nourri de débat libre et ouvert, nous allons conclure avec l’établissement des points de convergence entre les avis exprimés par les walis, les membres des différents exécutifs des wilayas, des instances élues ainsi que les représentants de la population .

Cette démarche ébauchera-t-elle une feuille de route pour une large décentralisation du système de gestion de ces différents programmes de développement ?

J’espère ! En tout cas, il faut absolument aller vers une plus large décentralisation et une plus grande déconcentration du pouvoir. Je dirais, davantage, qu’il faut aller vers la mise en place d’un nouveau paradigme de gouvernance. Il faudrait, pour ce faire, changer complètement de système en introduisant les bases d’une nouvelle gouvernance. D’abord, le développement local, puis la gouvernance tout court, ensuite le développement national, puis la gouvernance nationale tout court. Il faut aussi introduire l’acteur clé de cette matrice qu’est devenue la société civile.

Ces assises, consacrées au développement local, ne risquent-elles pas de sombrer dans un « théorisme » inutile ?

Pas du tout ! Vous allez vivre ça avec nous. Quel théorisme ? Nous allons sortir avec des recommandations qui seront immédiatement transmises au Président de la république et qui ont vocation à s’appliquer, car nous sommes tenus de faire des recommandations applicables. Celles-ci sont loin de la théorie.

A Tizi-Ouzou, le débat a été différent de ce que vous avez eu, jusque-là à entendre dans d’autres wilayas du pays ?

Oui, je doit noter que le débat a été un plus incisif et je m’en félicite.

Propos recueillis par Omar Zeghni

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