Béjaïa : les héros sont fatigués

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Ses résultats sont en baisse mais il est toujours le premier de la classe. D’où tout l’embarras de ses dirigeants qui ne se sont exprimés qu’à mi-voix sur les dernières élections.Le FFS est quelque part un grand boxeur qui s’émousse faute de puissants sparring-partners, un champion qui a tendance à s’endormir sur ses lauriers.La saga a commencé un certain jeudi 26 décembre 1991. Avec onze députés sur douze, le FFS réalise un véritable banco électoral dans la wilaya de Bgayet. Seule la circonscription de Kherrata faisait exception à la règle en ballottant entre le FLN et le Fis. Depuis soit dit entre parenthèses, le FFS vient remplacer le Fis dans le couple. C’étaient les premières élections législatives libres de l’histoire du pays. La wilaya de Bgayet allait se passer d’un deuxième tour mais l’histoire décide que ce sera ainsi pour tout le pays. Et cela prend jusqu’à aujourd’hui : la wilaya de Béjaïa est la plus FFS des wilayas de Kabylie.Aït Ahmed qui avait jugé que “les escaliers se balayaient par le haut” avait boycotté le scrutin des municipales de juin 1990 et susciter une abstention record.Cette époque a légué une pathétique image d’Epinal : une vieille femme percluse de rhumatismes et bariolé de bleus tatouages qui s’excuse d’être analphabète et qui demande “le bulletin de Hocine Aït Ahmed”. La scène se répète partout dans tous les bureaux de vote de la Kabylie.L’expression “parti de Hocine Aït Ahmed” n’est pas en l’occurrence un simple effet de style, elle est la vraie identité du FFS. “Ils auraient pu présenter des singes que cela n’aurait rien changé au résultat”, raille-t-on en face. L’icône Aït Ahmed est une puissante force de mobilisation. Pour les récentes partielles, toutes les affiches du parti étaient, comme de bien entendu, agrémentées de la photo totémique du zaïm. De préférence celle-là, la plus paternaliste de toutes, où il ceinture affectueusement une jeune fille aux cheveux frisés.Juin 1997, autre temps, mêmes mœurs, sur les onze députés mis en jeu dans la wilaya, le FFS s’adjuge sept et laisse trois au RCD et un autre au Hamas. Le mode de scrutin ayant évolué du majoritaire à deux tours à la proportionnelle, les minorités trouvent enfin à s’afficher.L’hégémonie du FFS est tout de suite confirmée au mois d’octobre suivant, lors des élections locales. Des scores de handball : il est majoritaire dans une quarantaine d’APC et ravit 22 sièges APW sur 43. Un match de référence.Analysant les événements de 2001 comme un complot dirigé contre son parti, Aït Ahmed qui se dit qu’il ne sert à rien d’avoir une vache qui ne vêle pas, engage le FFS dans le très controverse scrutin d’octobre 2002 envers et malgré l’interdit du mouvement des archs. Un triomphe statistique indéniable et une première expérience d’adversité. Et comme ce qui ne tue pas renforce, le FFS revient occuper de nouveau le haut du pavé à l’issue des partielles de novembre passé. C’est la première force politique de la wilaya avec 30% de l’électorat. On ne plastronne pas. Les héros sont fatigués.

M. Bessa

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