Des vacances et de la "vacance"

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Toute l’activité festive et récréative de l’été congés, ruées vers les plages, fêtes familiales, a été renvoyée vers le mois d’août qui est en train de consommer sa première semaine, et ce, en raison du Ramadhan, ayant coïncidé avec le mois de juillet, et qui a jeté tout le monde dans une sorte de torpeur. Malgré cette marge qui a retardé l’afflux des vacanciers, les pouvoirs publics sont presque toujours surpris en flagrant délit d’impréparation sur plusieurs volets, à commencer justement par la gestion des plages. Certains de ces lieux de détente sont tombés dans l’anarchie où ne compte que la débrouillardise de quelques jeunes qui en font des espaces privés. C’est, en quelque sorte, le prolongement du commerce informel qui s’exerce un peu partout sur les marchandises de toutes natures. Cependant, aussi bien à l’échelle de l’administration qu’au niveau des ménages, la gestion des vacances et des moments de détente demeure une culture peu développée, pour ne pas dire inexistante, en Algérie. Ceux qui ont les moyens de leurs ambitions n’hésitent pas à programmer des vacances en Espagne, en Turquie, en Tunisie ou carrément dans un pays asiatique comme la Malaisie. Ceux qui comptent sur des congés à passer dans une région quelconque d’Algérie sont souvent contrariés ou déçus par plusieurs facteurs. Déficit d’hygiène, promiscuité parfois absence d’eau courante, insécurité dans certains endroits (banditisme), cherté des prestations (hébergement et restauration),…etc. S’agissant des prix, des voyageurs en Tunisie ont avoué avoir dépensé pour une quinzaine de jours ce qu’ils dépenseraient pour trois jours dans les structures hôtelières algériennes.  Après une quinzaine d’années passées dans l’insécurité et le repli sur soi, les Algériens se sont sentis en droit de chercher la détente et les loisirs, histoire de « recharger les batteries » pour la rentrée sociale. Néanmoins, sans qu’il y ait des statistiques assez fines dans ce domaine, l’on peut avancer que la majorité des ménages passent leurs congés d’une manière « artisanale », anarchique et primaire. Cela se passe entre visites familiales à l’occasion des fêtes de mariages qui se multiplient à l’infini en été. Chaque week-end voit les routes algériennes encombrées par les cortèges nuptiaux, avec les accidents qui vont avec. D’autres ménages programment…des travaux domestiques à réaliser pendant les congés d’été. Cela rejoint le vieil adage kabyle qui dit que  » se reposer, c’est changer d’activité ». En effet, il est difficile de ne pas trouver quoi faire dans son appartement: peinture, réparations de plomberie ou d’électricité…etc. Il y en a même, en Kabylie, qui ajustent le calendrier de leurs grands travaux de construction (dalle, ceintures, poteaux) avec les vacances d’été.  Il se trouve que la notion de vacances, ou, au moins, de congé annuel, est appréhendée différemment selon que l’on est fonctionnaire, agriculteur, journalier ou travailleur dans un métier libéral. Les conditions sociales et professionnelles imposent leur rythme et leur niveau de vie, donc, aussi, la manière d’appréhender et de gérer ses jours de congé. L’on se souvient de Mouloud Feraoun qui, il le dit dans Lettres à ses amis, s’adonnait aux travaux des champs, principalement la récolte de fourrage (frêne) pour ses bêtes, pendant les vacances scolaires.   Les temps ont changé ! Surtout pour une certaine « élite » sociale urbaine qui a su se faire un chemin dans les rouages ou réseaux de la rente. Commerçants de l’informel, faux importateurs, « beggara » et autres parvenus, ont cette ambition de se hisser au niveau des élites occidentales sur le plan du mode de vie, même s’ils n’ont pas la culture qu’il faut pour cela, selon le constat de l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Abderrahmane Hadj Nacer.  Dans un contexte social dont les repères sont aussi embrouillés, certains s’adonnent aux vacances, qui durent plus que le mois de congé des fonctionnaires, au moment où d’autres, la majorité se maintiennent dans une espèce de « vacance » de la détente et des loisirs. 

  Amar Naït Messaoud

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