Une école pour l’Algérie !

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Douktours, Hafis et assimilés rugissent, vocifèrent, invectivent, diabolisent, chargent, «fatawisent», lapident, supplicient… la recommandation de la ministre de l’Éducation nationale. Toutes les fetwas et les modes d’emplois qui vont avec sont convoqués par la secte assassine pour casser du Benghebrit. Même le ministre alpaga du tourisme revient à ses amours premières pour badigeonner en rouge les frontières vert-paradis à ne pas dépasser. Écœurée par ces salves abyssiniennes, Sadiya n l’Euro défie les 45 degrés à l’ombre et ameute ses complices pour aller cadenasser l’unique école primaire d’At Rgad.

– Drôle de manière de soutenir Benghebrit, trouve Rezki Dezdeg

– L’école restera fermée et ne s’ouvrira pas en septembre, tant qu’elle n’est pas at rgadienne !

– C’est fou, c’est dingue, c’est dément&hellip,; mais elle est sublimissime l’idée de fermer l’école. Oui, je trouve que pas d’école du tout est plus rentable pour tamurt qu’une école peinte en vert-paradis. Dis, si on rendait visite à la ministre !

Une demi-heure plus tard et après avoir colmaté toutes les ouvertures de l’école à travers lesquelles pourraient s’infiltrer les corps étrangers, Sadiya et ses amis se retrouvent à Alger dans les bureaux du ministère de l’Éducation. Il était 21 h.

Kaci l’Angoisse voit de la lumière au bout du couloir. Il y traîne ses compagnons.

Derrière un grand bureau, la ministre noircit du papier.

– La classe ! Quelle beauté quelle élégance !, estime le vieux Dezdeg.

– Femme, intelligente et belle ! Tout ce qu’il faut pour déclencher les fetwas hafisites, ajoute Da Militant.

Pendant ce temps, Sadiya n l’Euro fait tourner sept fois sa main contenant du sel autour de la tête de Nouria en évoquant le saint de taddart et en terminant par : «et cinq dans l’œil du jaloux !»

– Il y a quelqu’un ?, interroge la ministre.

– Azul, madame, nous sommes venus vous dire que vous pouvez compter sur nous, répond Sadiya.

– «azul» ? Où êtes-vous ? Vous êtes kabyles ?

– Vous ne pouvez pas nous voir. Oui, nous sommes kabyles. Comment vous l’avez deviné ? C’est le «azul» ?

– Non, «azul» et «tanmirt», cet emballage linguistique tout le monde le connaît, y compris douktour Sadi, le Chaoui, pas le kabyle. En fait, j’ai constaté que seule la Kabylie a toujours été au rendez-vous de la modernité. D’ailleurs, c’est cette Kabylie du printemps berbère qui, bien avant moi, avait exigé «l’arabe algérien».

– Dites-vous que vous n’êtes pas seule dans votre combat à réinventer l’Algérie, terre de tamazgha. At Rgad vous soutient.

– Tanmirt ! J’en suis convaincue et je vous en suis reconnaissante. Dites-vous aussi que tant que je suis ministre de l’Éducation, je m’échine à bâtir une école pour l’Algérie que je ne conçois pas sans la langue amazighe.

– Tout le problème est là : combien de temps resteriez-vous encore aux commandes du ministère ?

T.O.A.

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P.S/ Un panneau invite : «Ralentir, école primaire» Un écolier à son camarade : «il est con ce panneau. Il ne pense tout de même pas que nous nous y rendons en courant !»

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