L'APC menace de sévir !

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L’APC d’Amizour vient de rendre publique une décision prise par l’exécutif communal, affichée dans toute la commune depuis la fin décembre 2015, concernant le phénomène de fermeture des routes et des sièges de l’administration publique, dont celui de l’APC.

Dans l’avis affiché et placardé à destination de la population, on peut lire : «Dans le souci d’assurer la continuité du fonctionnement du service public dans l’intérêt de nos concitoyens, les associations et la population de la commune d’Amizour sont informées que l’exécutif communal a décidé lors d’une réunion tenue le 10/12/2015, que dorénavant, aucune discussion ne sera engagée avec tout groupe d’habitants ou toute association qui aurait procédé à la fermeture d’une route, d’une structure communale (siège de la commune et antennes communales), d’un établissement scolaire et de toute infrastructure relevant de la commune». Cette décision a été prise suite à des fermetures répétitives des routes, du siège de l’APC et de ses annexes, et même des écoles. Cette situation a été jugée nuisible au bon fonctionnement de la commune et porte gravement atteinte à son image. De plus, cet état de fait constitue un sérieux obstacle à l’investissement, repoussant ainsi tout projet qui aurait pu contribuer au développement local. De plus, estiment certains élus, il y a un vrai ras le bol de la population qui subit, malgré elle, les aléas de ces fermetures. Il est vrai que les sujets de mécontentement de la population sont nombreux : état désastreux de certaines routes, défaut d’alimentation en eau potable, en gaz naturel, en électricité etc. Les griefs ne manquent pas, tant la population se sent délaissée et abandonnée par les pouvoirs publics. Et c’est l’APC qui fait face quotidiennement à ces mécontentements. Hélas, nous disent certains élus, les communes ne disposent que de peu de moyens pour faire face aux besoins réels et nombreux des villages et hameaux, constituant les lieux d’habitation de la population d’Amizour. Mais pas seulement. Nombreuses sont les communes qui souffrent de cette situation. Les moyens financiers et techniques font cruellement défaut dans de nombreuses communes de la région, et la population n’a pas trouvé d’autres moyens pour exprimer son ras le bol. Des deux côtés, il y a une sorte d’exaspération, causée par les manques et insuffisances des projets de développement local. Souvent, les réclamations de la population ne peuvent être satisfaites au niveau local. Il faut monter à un échelon supérieur, c’est-à-dire à la daïra. Celle-ci n’est pas non plus épargnée par cette pratique de fermeture. Et plus haut encore, le siège de la wilaya de Béjaïa est régulièrement l’objet de fermeture de la part des citoyens venus de toutes parts. Le malaise est, en effet, général et personne ne sait à quel saint se vouer. Certains ont tout simplement trouvé le raccourci de la fermeture des routes et sièges de l’administration, dans l’espoir de faire aboutir leurs revendications. Cette situation perdure depuis de nombreuses années, contribuant à compliquer le climat social et des affaires dans toute la wilaya. Et rien n’est venu apaiser les craintes des citoyens ou mettre de l’ordre dans cette situation. La décision de l’APC d’Amizour est, donc, une première, puisqu’elle vise non pas à réprimer les réclamations, mais à mettre de l’ordre dans la manière de leur expression. Le président de l’APC, M. Mokhtar Bouzidi, rappelle que «la mairie est ouverte toute la semaine et les élus reçoivent quotidiennement les citoyens et associations pour prendre en charge leurs doléances». Lui-même, en tant que maire, reçoit, chaque semaine, toutes les personnes qui souhaitent le rencontrer. «Et il arrive même que ça se fasse les week-ends et en dehors des heures de travail», dira-t-il. Il n’y a donc, selon lui et d’autres élus, aucune raison de procéder à ces fermetures de routes et d’APC, portant ainsi atteinte au climat de sérénité qui doit prévaloir dans la recherche de solutions aux nombreuses insuffisances dont souffre toute la population. Le maire souhaiterait que les citoyens et associations s’inscrivent dans une démarche citoyenne responsable. Cela contribuerait, selon lui, à instaurer une sorte de «bonne gouvernance». En procédant à ces fermetures de routes et de sièges de l’administration, les priorités de gestion risquent d’être affectées, et ça serait la loi du plus fort qui risquerait de s’installer. Or, les citoyens connaissent la réalité des moyens dont disposent les APC. Un climat de sérénité est indispensable pour instaurer la confiance entre les citoyens et l’administration. Le refus de dialoguer avec les contrevenants à cette règle est, donc, la conséquence de ce désir d’améliorer la qualité des prestations de la commune à ses citoyens, en instaurant des règles. Désormais, affirme le communiqué de l’APC, «tout contrevenant se verrait poursuivi devant les tribunaux, puisque l’APC s’engage à déposer une plainte auprès des instances compétentes». Cette démarche est sans doute une première dans la prise en charge des doléances des citoyens. Plus d’anarchie, semble dire l’APC d’Amizour. Tant que les canaux de discussion sont ouverts, il n’y a aucune excuse pour perturber le fonctionnement normal de l’institution communale. Les cas d’urgence sont également prévus par l’APC, et leur prise en charge est également le souci permanent des élus. Il faudrait maintenant attendre les effets d’une telle décision. Du côté des associations, il n’y a pas encore eu de réactions à cette décision, du moins publiquement. Elle est censée contribuer à donner de la confiance aux opérateurs économiques pour les inciter à investir dans cette région si riche et si disposée au développement. Peut être également que d’autres communes devraient emboiter le pas à celle d’Amizour, dont le souci majeur semble être de mieux servir ses citoyens.

N. Si Yani

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