«Un grand promoteur veut investir chez nous»

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Djamel Tigrine est un chevronné de la politique, une qualité que nul ne peut lui contester. Il est aussi militant infatigable de la première heure, après l’avènement du multipartisme au sein du FFS, le plus vieux parti de l’opposition qui est aussi une école où il s’est forgé.

Il est à son troisième mandat de président de l’APC de Seddouk. Avec tact et finesse, il a su désamorcer la crise de 10 mois de l’exercice 2015 qui a secoué l’APC, en changeant l’exécutif. Formé de l’alliance FFS, indépendants pour Seddouk, FLN et RND, l’exécutif actuel est installé au début de novembre 2015. Nous l’avons sollicité pour cet entretien à bâton rompu qu’il nous a aimablement accordé. Il a parlé des grands projets qui lui tiennent à cœur et qui intéressent surtout la population.

La Dépêche de Kabylie : Lors de sa visite à Seddouk, le wali de Béjaïa a parlé de 9 milliards de centimes non consommés par l’APC. Avez-vous des explications à donner à ce sujet pour lever toute équivoque ?

Djamel Tigrine : Il s’agit des restes à réaliser des exercices 2011, 2012, 2013 et 2014, sur des programmes non réalisés pour diverses raisons. Nous sommes en train de collationner nos chiffres avec ceux de la recette intercommunale. Une fois le montant dégagé par les deux structures est identique, nous allons programmer une délibération pour les prendre en recette. 90% concerne le budget de fonctionnement et 10% seront affectés au budget d’équipement. Leurs répartitions se feront avec les membres du conseil participatif et les élus.

Selon la rumeur, la nouvelle assemblée a hérité d’une soixantaine de projets non réalisés. Avez-vous quelque chose à dire là-dessus ?

À mon arrivée, j’ai trouvé en effet une soixantaine de projets non réalisés dont la plupart sont des petits projets insignifiants que j’ai apuré à 80%. Mais, je vais m’étaler beaucoup sur cinq projets importants, à commencer par le projet de la crèche communale qui a fait couler beaucoup d’entre et de salive. Le projet a été notifié en 2006. D’abord il a buté sur le choix de terrain. La commission a prospecté deux assiettes qu’elle a refusées. Il a fallu, donc, en trouver un troisième terrain situé à la Zone d’urbanisation nouvelle (ZUN), lequel a été jugé répondant aux critères et conforme au projet qui sera implanté. Donc, il fallait demander aux domaines de procéder au transfert de la propriété en faveur de la commune. Une fois ce transfert effectué on a constaté que l’enveloppe financière dégagée pour ce projet ne suffirait que pour la réalisation des gros œuvres. Un bureau d’études a été choisi pour faire l’étude sans le suivi du projet. L’APC a rencontré donc des problèmes avec ce bureau d’études qui n’a pas fourni l’étude et demande à prendre aussi le volet suivi. Avant même que l’étude ne soit remise à l’APC, un avis d’appel d’offres a été lancé par voie de presse puisqu’il s’agissait d’un marché et une entreprise a été même sélectionnée. À mon arrivée, j’ai constaté que les délais de réalisation sont largement dépassés, j’ai résilié à l’amiable les contrats avec le bureau d’études et l’entreprise. Nous avons refait un avis d’appel d’offres pour sélectionner un bureau d’études. Celui qui a été retenu va nous remettre incessamment l’étude, ce qui va nous permettre de passer à l’étape suivante qui est le lancement d’un avis d’appel d’offres pour sélectionner une entreprise qui va réaliser le projet. Voilà en grosso modo, ce qui a engendré le retard effarant de ce projet. Je vais passer maintenant au projet de l’abattoir. Sans revenir sur l’historique de ce projet, il y avait un promoteur qui a déposé un dossier auprès du CALPIREF de Béjaïa pour la réalisation d’un abattoir hyper sophistiqué avec un atelier de découpe. Le CALPIREF a statué favorablement sur ce dossier qui a obtenu aussi l’agrément des domaines pour la concession du terrain sur lequel a été prévu le projet de l’ancien abattoir à l’abandon. Ce dossier d’un abattoir moderne répondant aux normes est sur le point d’obtenir un permis de construire auprès de la DUCH de Béjaïa. On arrive maintenant au projet de la bibliothèque communale. Le projet a atteint un taux d’avancement de 90%. Il sera réceptionné à la fin de ce mois de mars. D’ores et déjà les consultations sont lancées pour l’acquisition du mobilier, du matériel notamment informatique, de la climatisation, des extincteurs et des articles d’ornement (tableaux et autres). On espère son ouverture avant l’été. Le projet du cantonnement de la garde communale a été retiré par le wali lors de sa visite dans notre commune. Pour sa récupération, j’ai fait une demande de changement d’intitulé qui nous a été accordée. La pochette récupérée a été scindée en deux projets. L’un est destiné pour l’étude de la réhabilitation et d’extension des réseaux d’assainissement des eaux usées de la ville de Seddouk et sa périphérie. L’autre concerne la réparation des réseaux d’assainissement des eaux usées défectueux de la ville de Seddouk au nombre de six. Pour ce qui est du musée de la révolution prévu dans notre commune, un projet rentrant dans le cadre du budget de wilaya a été mis en place mais sans inclure son étude. Pour pallier cette erreur, nous avions demandé un changement d’intitulé du projet pour intégrer l’étude en question. Juste l’intitulé régularisé nous avons confié l’étude du projet à un bureau d’études qui l’a réalisée et remise à l’APC. Comme le montant alloué au départ est dérisoire, nous avons aussi demandé une rallonge appuyée d’une fiche technique adressées à la wilaya. Aux dernières nouvelles, nous avons appris que l’APW a entériné notre demande et on attend juste la réception de la notification pour entamer les formalités d’usage.

On parle de la création de deux zones d’activités à Seddouk, mais les citoyens ne voient pas des usines fleurir. Avez-vous des informations à donner dans ce cadre ?

La première zone d’activités a été créée à El-Mizab, il y a belle lurette, sur un terrain inadéquat de par son relief accidenté. Beaucoup de promoteurs ayant acquis des terrains hésitent à réaliser leurs projets. Seuls cinq promoteurs ont réalisé des usines. L’agence foncière de Béjaïa a esté en justice les prompteurs qui ne voulaient pas réaliser leurs projets, dans l’optique de récupérer les terrains en question et les octroyer à d’autres investisseurs qui s’engageraient à réaliser leurs projets. L’affaire est au niveau de la cour suprême qui va statuer définitivement sur ce dossier. La DUCH de Béjaïa a mis une décision de programme pour la viabilisation de cette zone. Le projet a été octroyé à une entreprise qui va démarrer les travaux incessamment. Pour ce qui est de la nouvelle zone d’activités située à Melakou, près du village Akhnak, je vais donner toute la genèse de l’affaire. Notre commune possède un terrain de 30 hectares qui a été octroyé par l’ancien wali à un seul promoteur. Juste à mon installation, j’ai eu vent de l’information. Sans plus tarder, j’ai saisi la wilaya pour la récupération dudit terrain tout en songeant à la création d’une deuxième zone d’activités. J’ai obtenu gain de cause du fait que l’arrêté du promoteur a été annulé et remplacé par un arrêté pour la création d’une zone d’activités par l’APC. Le dossier est sur la bonne voie. On l’a adressé au ministère de l’Industrie et des mines pour la mise en place d’un financement. Au jour d’aujourd’hui, nous avons reçu une vingtaine de dossiers étudiés favorablement par toutes les directions, dont figurent de grosses pointures en industrie qui vont apporter un plus à notre commune avec la création de 1 500 postes d’emploi directs et des rentrées fiscales importantes. Je donnerai une information importante. Un grand promoteur national nous a sollicité pour l’octroi de la totalité de ce terrain pour la création d’un hyper marché avec l’intégration d’un hôtel de luxe haut standing, restaurant et autres. En plus de la prise en charge des dépenses de la viabilisation, il s’est engagé à réaliser une bretelle qui reliera l’hyper marché à la pénétrante Ahnif-Béjaïa. Comme nous avons un autre terrain assez vaste à l’Azib Michel, nous le lui proposeront pour que nous puissions avoir les deux projets.

Les budgets alloués à votre commune répondent-ils aux besoins exprimés par les populations ?

En 2015, nous avons bénéficié d’un PCD de 56.500.000,00 dinars pour une commune d’une population qui avoisine les 25 000 habitants et d’un territoire de 94,5 kilomètres carrés. Notre commune est parmi les grandes communes de la wilaya. Elle possède 20 villages et hameaux. Ce qui est indélébile, elle perçoit moins que les communes ayant 5 000 habitants et 10 kilomètres carrés. Pour ce qui est du PCD 2016, au départ, la wilaya nous a demandé de prévoir 60% du PCD 2015. On s’est conformé à cette décision en retenant 9 projets. À notre grand étonnement, la wilaya a revu encore une fois à la baisse le programme pour le ramener à 40%. Je demande à monsieur le wali de bien vouloir accepter les 9 propositions qui ont été élaborées conjointement avec les membres du conseil participatif, qui est composé des notables des villages, des comités de quartiers et des associations.

Un mot pour conclure cet entretien…

Notre commune a connu un blocage qui a duré 10 mois en 2015, créant un retard dans la réalisation du PCD 2015 que nous allons réaliser cette année parallèlement à celui de 2016. Pour pouvoir arriver à les réaliser le plus tôt possible, je demande aux membres de l’exécutif et aux chefs de service de redoubler d’efforts.

Entretien réalisé par L. Beddar

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