Quand Idir raconte les débuts de Hamid Cheriet…

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C’est l’histoire d’un universitaire, au destin fabuleux. Des bancs de la fac centrale d’Alger, aux scènes musicales internationales les plus prestigieuses. Idir, de son vrai non Hamid Cheriet, était un jeune universitaire, qui aspirait à avoir un diplôme, être ingénieur ou docteur, comme sa mère l’avait souhaité. Mais cela ne l’a pas empêché de jouer de la guitare et faire parler les notes, notamment avec ces amis. C’est Abdelmadjid Dali qui le découvrit, comme il le raconte lui-même : «A l’époque, on était étudiants à la fac centrale d’Alger. Ce grand artiste m’a vu un jour jouer de la guitare, il m’a encouragé et conseillé de continuer à jouer et composer pour moi et les autres chanteurs», confiera Idir toujours sur TV4. Il poursuivra : «A ce moment-là ce n’était pas mon objectif. Ce que je voulais, c’est avoir un diplôme universitaire et retourner à la maison». Mais le destin en décidera autrement. «J’ai continué mes études, j’ai eu un doctorat en géologie minière en France, mais la musique n’a jamais quitté mon esprit, même si ‘’chanter n’est pas un métier’’ comme disait ma mère». La première aventure d’Idir à la radio, la première chanson, le nom de scène… Un concours de circonstance, un hasard ? Difficile à croire, pourtant l’artiste lui-même le confirme : «J’avais écrit une chanson pour Noura «Arssed A yidess», c’était prévu qu’elle la chante à la radio. Mais le jour où elle devait la chanter, elle est tombée malade. C’est là que Dali m’a demandé de la remplacer. J’ai refusé, arguant que j’étais musicien et non chanteur et que j’étais là juste pour l’accompagner. Mais il a beaucoup insisté et souligné que j’avais bien interprété la chanson lors des répétitions. J’étais comme piégé. Et c’est à ce moment-là sur place, que j’ai inventé le pseudonyme Idir, parce que je ne voulais pas que mes parents sachent que je chantais. Ils m’avaient envoyé faire des études, pas pour chanter. Finalement, j’ai chanté». Idir confiera encore : «La chanson a eu un bon succès. C’était un nouveau style qui attisa la curiosité du public qui l’apprécia. Ce devait être l’aventure d’un soir, mais la passion se confirma et ne me quitta plus. J’ai continué mes études, eu mes diplômes depuis, mais je n’ai pas arrêté de chanter. J’en ai même fait mon métier». Dans un premier temps, le chanteur resta sur sa première position, la chanson ne serait qu’un passe-temps. Il n’a d’ailleurs pas jugé nécessaire d’informer sa famille. «Ma mère n’a pas reconnu ma voix à la radio. Je suis rentré à la maison un samedi, là elle me dit : ‘’Il y a un nouveau chanteur qui s’appelle Idir, j’aime beaucoup sa voix’’. Je n’ai pas voulu lui dire. J’étais toujours dans l’idée que je n’allais pas continuer à chanter. Mais un jour, elle me vit à la télévision. Elle en pleura de chagrin. Pour elle, il était inconcevable que son fils chante, c’était très mal vu. Heureusement, ça s’est arrangé par la suite. Un peu plus tard, c’est elle qui me harcelait pour sortir du nouveau», raconte le chanteur. Aujourd’hui, après 40 ans de carrière et des succès internationaux, il est parvenu à faire écouter sa voix là où sa langue n’était pas connue. Resté humble, le chanteur est convaincu que le plus dur n’est pas d’arriver au sommet, mais d’y rester : «Le défi pour un artiste n’est pas de devenir célèbre, car comme le disait Lounes : ‘’Assagui ligh azzekka wissen’’. George Brassens disait aussi : ‘’Dans ce métier, le plus difficile est de durer’’. Quand tu montes, c’est facile. Tu peux faire une chanson, tout le monde en parle, puis le lendemain rien ! Quand tu travailles avec dévouement, ça c’est autre chose. Tu laisses des traces. C’est la plus belle récompense dans ce métier».

K. H.

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