Les prévisions de production dépassées

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Les prévisions de production d’huile pour la présente campagne oléicole sont largement dépassées, selon un responsable de la Chambre de l’agriculture de Béjaïa. «Nous avons tablé sur un volume de 18 millions de litres. Nous en sommes à près de 20 millions et la récolte n’est pas totalement achevée», a-t-il déclaré, sur une pointe de satisfaction. Dans la haute vallée de la Soummam, où les filets de récolte sont toujours déployés sous les oliviers, le constat des exploitants est plutôt contrasté. «Quoi qu’on dise, la situation n’est pas aussi critique que cela. Je conviens volontiers que la productivité a quelque peu marqué le pas, mais les conditions climatiques favorables de ces premiers mois de la nouvelle année ont effacé bien des séquelles et fait renaitre l’espoir», dira un fellah de Tazmalt, l’un des fiefs de l’oléiculture de la wilaya. Dans la commune limitrophe d’Ath M’likèche, où la campagne tire à sa fin, les épisodes pluvieux successifs de ces dernières semaines ont quelque peu perturbé la récolte et entravé sa progression. «L’aléa climatique, nous avons appris à composer avec. Il se trouve, hélas, que la nature n’a pas été tendre avec nous. La sécheresse persistante des ces dernières années a eu des incidences palpables sur les performances qui ne cessent de fluctuer à la baisse», relève, avec amertume, un citoyen du village Tabouda. Dans les communes de Seddouk, Ouzellaguen, ou encore Akbou où la campagne d’olivaison est bouclée depuis quelques semaines déjà la situation est diversement appréciée et les perspectives différemment appréhendées. «C’est une campagne tout juste moyenne, mais si l’on ne s’investit pas davantage dans l’entretien des vergers et la modernisation des récoltes, le déclin de la filière sera inévitable», clame un sexagénaire de Tifrit, dans la commune d’Akbou. À l’évidence, le retour des précipitations atmosphériques constitue un solide motif de satisfaction qui permet d’entrevoir l’avenir avec sérénité. Il n’en reste pas moins que les sources d’inquiétudes demeurent toujours aussi nombreuses. Rencontrés à l’occasion de la Fête de l’olive et des produits du terroir, organisée du 20 au 22 février dernier à El Kseur, des fellahs ont notamment réitéré l’impératif d’engager des opérations d’ouverture et d’entretien des pistes agricoles. «À force de négligence, l’olivier est en passe de devenir un arbre forestier. La plupart de nos vergers sont situés sur des parcelles accidentés et inaccessibles. Le désenclavement par les pistes et l’aménagement des tranchées pare-feu sont d’une urgente nécessité, afin de développer la filière et limiter l’impacte des incendies qui ravagent chaque année des centaines d’hectares d’oliviers», plaide un exploitant d’Ath Djellil. Pour redorer le blason de l’oléiculture et lui redonner son lustre d’antan, d’aucuns suggèrent la mise en place d’un crédit pour l’acquisition d’une paire de bœuf. «Il faut se rendre à l’évidence que le relief de nos vergers est si escarpé qu’aucun effort ne peut aboutir si l’on ne recourt pas à l’assistance de ces bêtes, qu’elles soient de trait ou de somme», clame un autre participant venu de Fénaia.

N Maouche.

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