L’ADE développe sa stratégie

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Le barrage Koudiet Acerdoune, d’une capacité de 640 millions de mètres cubes, est le deuxième plus grand barrage d’Algérie après celui de Mila.

La réalisation de ce barrage a permis de mettre fin aux pénuries d’eau observées à travers notamment la wilaya de Bouira, ainsi qu’à travers d’autres wilayas limitrophes. Le barrage Koudiet Acerdoune alimente quatre wilayas, à savoir Bouira, M’Sila, Tizi-Ouzou (Partie sud de la wilaya) et Médéa.

Pour le directeur de ce barrage, M. Boualemallah, le taux de remplissage de cet ouvrage qui n’est à présent que de 44% permet de voir venir à long terme : «Même si pour le moment la pluviométrie n’est pas encore au rendez-vous, rien qu’avec la capacité emmagasinée, nous pouvons alimenter les quatre wilayas pendant trois années. Il faut savoir qu’en plus des quatre wilayas citées, le barrage Koudiet Acerdoune alimente également la wilaya d’Alger avec des lâchers que l’on effectue vers le barrage de Kedara dans la wilaya de Boumerdès, via le barrage de Béni Amrane. Ainsi, avec un système de pompage, la ville d’Alger est raccordée au réseau AEP», explique M. Boualemallah.

«En plus d’éradiquer les affres de la soif dans plusieurs wilayas, les différents barrages réalisés dessinent sereinement l’économie agricole du pays avec les périmètres irrigués qui sont en pleine expansion. Le cas de la wilaya de Bouira est flagrant en la matière. Ce sont autant d’acquis réalisés par l’ANBT. Pour rappel, en 2015, le taux de remplissage du barrage Koudiet Acerdoune avait atteint les 98% et nous espérons un hiver prospère pour que le barrage se remplisse de nouveau. Nous consacrons beaucoup de ces volumes d’eau aux lâchers et ces dernières années, avec la faible pluviométrie enregistrée au cours des hivers et avec l’évaporation de l’eau en été, près de 60 millions de m3 s’évaporent dans les airs, c’est le taux d’évaporation recensé. Nous n’avons jamais atteint un seuil critique. Nous espérons que cet hiver apportera une pluviométrie satisfaisante pour faire le plein de ce barrage. Aujourd’hui, les 44% de taux de remplissage équivalent à 285 millions de m3 sur les 640 millions de m3 que le barrage peut contenir», annonce le directeur du barrage.

Multiplication des contrôles pour une eau de qualité

Pour Saïd Hattal, directeur de l’unité de production de Koudiet Acerdoune sise à Djebahia, l’eau arrive directement par système de gravité vers la station de traitement d’une capacité de 346 000 m3 par jour. «Actuellement, nous sommes à environ 250 000 m3 par jour et la station de traitement alimente en eau traitée les quatre wilayas. Nous agissons en fonction de la demande des wilayas alimentées. Les eaux du barrage sont acheminées vers la station de traitement par une conduite de 1 800 mm de manière gravitaire. Une fois à la station, l’eau est traitée et envoyée dans les différentes stations de pompage pour alimenter ces wilayas», détaille M. Hattal qui nous a fait visiter le centre et le laboratoire.

De son côté, Mohamed Kadhi, le chef de service de traitement de cette station, expliquera également le cheminement des analyses effectuées : «L’eau répond aux normes sanitaires des plus sévères et les gens peuvent la consommer sans aucun problème car elle est contrôlée au niveau de la station où nous effectuons entre 4 et 5 contrôles même sur les réservoirs de stockage au niveau des centres urbains qui sont alimentés. L’eau est régulièrement contrôlée sur le plan physicochimique et bactériologique et même à la sortie des stations lorsque nous alimentons la réserve de Draâ El-Mizan, Tizi-Gheniff, Boghni et Ouadhias», expliquera le responsable.

En répondant à la question sur l’épisode de l’été dernier face aux inquiétudes des citoyens devant l’épidémie de choléra, M. Kadhi rassure : «Le laboratoire d’analyses et de contrôle du barrage Koudiat Acerdoune assure aux abonnés de l’ADE une qualité irréprochable de l’eau. Nous avons une cadence d’analyse jusqu’à cinq fois par jour, avec essentiellement le contrôle de la pureté de l’eau que l’on appelle la turbidité qui passe dans le turbidimètre pour vérifier les normes de qualité mondiale. L’OMS préconise jusqu’à 5 NTU, alors que nous allons plus loin dans la qualité en atteignant les 5 NTU. De ce fait, on réalise un taux dix fois moins important que ce que prévoit l’OMS, synonyme de gage de qualité. De même pour le PH qui est rigoureusement contrôlé entre une fourchette de 6.5 et 8.3 et nous sommes entre 7,5 et 7,6. Donc, nous respectons les valeurs. Nous dosons, également, l’eau en chlore pour éliminer toutes sortes de bactéries qui pourraient s’y trouver, en assurant la sécurité et la protection du consommateur entre 0,5 et 0,8 autant de garanties pour une eau saine et potable, c’est l’effet rémanent sur tout le réseau d’ici à la station jusqu’au réseau final de distribution. Si l’eau n’était pas potable, nous ne pourrions pas la distribuer», se félicite le chef de service.

Aucun gène pathogène dans les eaux brutes du barrage

Ainsi et selon les chiffres fournis sur place, le barrage Koudiet Acerdoune et sa station de traitement des eaux desservent une population estimée, selon les dernières statistiques, à plus de deux millions d’habitants, et ces chiffres sont appelés à augmenter en fonction des réseaux ADE qui seront prochainement réceptionnés : «Nous assurons la production, le traitement de l’eau et son acheminement jusqu’aux réservoirs de distribution, c’est là que l’unité de distribution prend le relais, nous nous occupons de la dorsale. Ensuite, la potabilité de l’eau est assurée jusqu’aux réservoirs des villes alimentées par l’ADE. Il faut savoir qu’en plus de tous les contrôles que nous faisons à notre niveau, l’unité de distribution réalise également des contrôles réguliers, aussi bien sur le réseau que dans les réservoirs de distribution. En somme, les contrôles sont très stricts au niveau de l’ADE. Il n’y a aucun souci dans les foyers car l’eau distribuée est saine. L’ADE n’accepte pas de fournir une eau impropre à la consommation», indique-t-on.

Répondant à la question sur l’eau impropre qui arrive parfois dans les robinets de certaines localités, le responsable de l’ADE s’en défend farouchement : «Je pense qu’à présent, la plupart des réseaux ont été réhabilités et rénovés ou en cours de rénovation. Auparavant, il arrivait parfois que surgissent des trans-connexions car les gens ne faisaient pas attention, mais aujourd’hui cela n’existe plus et les réseaux AEP sont réalisés loin de toutes canalisations des eaux usées. Pour l’unité de production, il n’y a aucun problème, nous vous rassurons sur ce sujet et même pour l’eau brute que nous recevons du barrage Koudiet Acerdoune. Les gens qui travaillaient dans cette station la buvait directement du barrage car elle est très pure et indemne de tous gènes pathogènes et provient des eaux de ruissellement, des rivières. L’apport des sources naturelles dans ce barrage, le 2ème plus de grand du pays avec ses 640 millions de m3, est relativement insignifiant», estime le directeur de l’unité de production de Koudiet Acerdoune

Les créances noient l’ADE

Les créances en eau, prestation et travaux s’élèvent à 536.487.531,84 DA rien que pour la catégorie I, c’est-à-dire essentiellement les ménages ruraux avec 378 692 factures impayées représentant un nombre de 62 464 abonnés. Il est signifié dans les statistiques de l’ADE qu’il existe des créances de moins d’une année, celles de plus d’une année et d’autres de moins de deux ans. La catégorie I détient, à elle seule, 67% des factures impayées de l’ADE. La catégorie 2 englobe l’administration, les artisans et les services du secteur tertiaire en détenant un montant de 142.707.368,76 DA, soit 29% des dettes.

Pour cette catégorie, M. Fellahi, responsable commercial de l’unité de Bouira, déclare que pour les APC, il s’agit notamment d’organismes régis par des budgets annuels et qui s’acquittent de leurs dettes : «Concernant les APC, la wilaya nous accompagne à chaque fois pour recouvrer les créances. Il y a des réunions organisées par la wilaya qui les préside et les APC s’acquittent de leurs dettes. Par contre, le recours à la justice est une pratique quotidienne pour les clients récalcitrants. Après avoir épuisé toutes les voies de recouvrement à l’amiable avec la procédure commerciale et si les clients persistent en refusant de payer, nous transmettons les dossiers au niveau du contentieux.

Un service qui favorise le règlement à l’amiable également en les convoquant mais si aucune volonté n’est affichée par les clients réfractaires, le dossier est transmis à la justice», indique M. Fellahi. Ce dernier déclare, en outre, que 412 cas de fraude ont été décelés durant l’exercice 2018 : «Nous avons enregistré 412 cas de fraude avérés, ce qui représente un volume de 261 000 m3 pour un montant de redressement de 6.839.000 DA. Pour ces cas, la procédure est claire et directe avec dépôt de plainte, c’est une affaire pénale et on ne badine pas avec ce genre d’affaire», prévient le responsable commercial de l’unité de Bouira.

43 communes gérées par l’ADE

En fin de journée et de retour au chef-lieu de wilaya, la visite guidée s’est achevée sur un chantier d’intervention de l’ADE. Une équipe d’ouvriers avec du matériel s’attelait à réparer une fuite sur le réseau. Sur place, M. Remass, responsable du centre de Bouira, indiquera que son équipe travaille d’arrache pied : «Nous faisons un maximum d’efforts avec les moyens dont nous disposons pour prendre en charge les réclamations des abonnés. Cette fuite nous a été signalé la veille, suite à un camion de gros tonnage qui s’était garé sur le trottoir et la conduite enfouie n’a pas supporter le chargement du camion. Nous intervenons dans des délais relativement courts pour ne pas dire immédiat, et nous travaillons même de nuit avec nos équipes qui sont mobilisées 24h/24 et 7j/7.

Nos priorités sont les fuites importantes d’où s’écoulent de grandes quantités d’eau. Nos brigades sillonnent les quartiers de la ville de Bouira pour vérifier si des fuites existent, sinon nous avons un numéro vert sur lequel peuvent nous joindre les citoyens et nous alerter sur une fuite qui aurait fait son apparition. Nous recevons une moyenne de dix appels par jour et les réclamations sont systématiquement enregistrées pour que nos équipes interviennent rapidement», se félicitera M. Remass. Du début de l’année au 30 novembre dernier, 8 850 fuites ont été détectées à travers le réseau ADE. Des fuites qui ont été prises en charge dans leur totalité.

L’ADE structurée en six centres comptabilise un total de 122 010 clients et gère 43 communes sur les 45 que compte la wilaya. La commune de Boukram est programmée pour rejoindre le réseau ADE avant la fin de l’année, il demeurera ensuite Aghbalou, seule commune non rattachée à ce réseau et pour laquelle la wilaya a débloqué un budget de plus de 5 milliards de centimes pour l’AEP, mais l’eau n’est toujours pas disponible pour les quelque 25 000 habitants de cette commune de haute montagne.

Hafidh Bessaoudi

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