Benyounès hausse le ton

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La situation est dure, je vais dire des vérités qui ne le sont pas moins ! »Amara Benyounès a, dès l’entame, donné le ton d’un discours implacablement dur sur la situation politique et économique du pays. La sévérité du ton est « rehaussée » par le fait que l’UDR, qui avait soutenu la réélection de Bouteflika, s’est toujours refusé à être perçu comme un parti d’opposition. S’exprimant dans une salle du TRB pleine à craquer, dans un meeting qui se voulait pourtant purement organique, Benyounès aura enfoncé le clou en répondant à un militant qu' »en l’état actuel des choses, je vois mal l’UDR rejoindre la coalition ». Auparavant, il était tombé à bras raccourcis sur le FLN, un parti, dit-il, qui veut accaparer la victoire de Bouteflika après avoir globalement roulé pour son principal adversaire. « Ils ont l’outrecuidance de lui proposer la présidence d’un parti qui a refusé de porter sa candidature », ironise-t-il. « Non, Bouteflika n’est pas plus président du FLN qu’il ne l’est de la JSK ou de l’ONM qu’il préside conjointement à titre honorifique », estime-t-il. Abordant la question des « faux moudjahidine », M. Benyounès demande au ministre, Chérif Abbas, de publier la liste des 10 000 concernés qu’il avait reconnues officiellement. « Je sais que cela peut coûter électoralement car ils sont aujourd’hui 960 000 après avoir été seulement, 60 000 en 1962, mais je dis et je le répète que nous devons absolument sortir de la notion de légitimité révolutionnaire », plaide-t-il. Sur la Kabylie, le n° 1 de l’UDR exprime un avis favorable sur l’ouverture du dialogue gouvernement-archs et salue le recueillement d’Ahmed Ouyahia sur la tombe de Guermah Massinissa. Il appelle, à ce titre, à un jugement public devant des tribunaux civils des personnes coupables d’assassinat lors des événements de Kabylie. Sans refuser clairement l’idée d’une élection partielle, il clame sa préférence pour des élections générales anticipées.Par-dessus tout, il invite à un recentrage urgent sur l’essentiel : « La Kabylie doit rapidement retrouver la stabilité pour retrouver son rôle moteur dans le combat pour la démocratie et la République et s’inscrire dans un processus vital de relance économique et de création de richesses ». Partisan du fédéralisme, il plaide pour une officialité territoriale de la langue amazighe. Abordant en premier le thème de l’économie, il cible quelques blocages qui sont à ses yeux autant d’obstacles à une entrée du pays dans la prospérité. »Notre système bancaire est le plus archaïque de tout le pourtour méditerranéen », dispose-t-il. Il prévient contre un enjeu pervers du projet d’amnistie générale qu’il déclare soutenir sur un plan de principe : « L’argent du GIA est en train d’être recyclé dans la sphère économique, il ne faut pas que les terroristes reviennent par la fenêtre après avoir été chassés par la porte ». Il appelle l’Etat à « engager une lutte implacable contre la corruption, la seule chose à s’être vraiment démocratisée dans ce pays ». Se faisant l’avocat de la privatisation, il vante la réussite d’ISPAT-Annaba et des deux opérateurs privés de téléphonie mobile pour conclure à la « faillite » du modèle de gestion public. « En plus des partis communisants, les rentiers des œuvres sociales et quelques patrons publics sont les seuls à s’opposer, et pour cause !, à la privatisation », clame-t-il. Il plaide enfin pour un retour au week-end universel et rappelle qu’une étude du BIT situe le rendement du travail en Algérie à 39 minutes par jour. L’UDR avait élu lundi dernier, et c’est le motif du déplacement bougiote de son leader, un nouveau secrétaire fédéral pour la wilaya de Béjaïa, en la personne de Omar Chertouk.

Mohamed Bessa

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