Hémorragie dans les rangs du RCD

Partager

Le vent de la colère souffle au sein du RCD de Mohammedia, fief traditionnel du RCD à Alger. En effet, des dizaines de militantes et militants, dont 110 signatures consignées dans une déclaration remise, hier, à notre rédaction, ont officiellement démissionné du rassemblement. Cette décision a été prise lors d’une assemblée générale de militants tenue jeudi. Les militants démissionnaires s’insurgent contre la gestion opaque et unilatérale du parti par son président. C’est ce qui ressort de la déclaration que les militants ont remis à notre rédaction hier. « Les valeurs de démocratie, de dialogue et d’alternance défendues en dehors du parti ont été rapidement évacuées des structures du RCD » tiennent-ils à dénoncer. L’hémorragie de militants que connaît le rassemblement n’est pas chose nouvelle, de par le passé, surtout avec les départs successifs de ses cadres, des centaines de militants ont choisi le chemin de la démission pour contester « l’exclusion, le clientélisme et les petites combines » qui gangrènent le parti, lit-on dans la déclaration. “La naissance du Rassemblement pour la culture et la démocratie a suscité un véritable espoir chez les Algériennes et les Algériens qui portaient en eux les valeurs de modernité et de démocratie », ajoutent les démissionnaires de Mohammadia. Avec des militants aux parcours remarquables et qui ont pour beaucoup payé de leurs vies leurs convictions et leurs engagements (plus de 142 cadres assassinés), le RCD devenait aux premières années de son existence et grâce à son discours novateur une formation politique incontournable dans le pays explique un des militants venu, hier, déposer la déclaration. La saignée de militants et de cadres de parti « est à la hauteur de la désillusion actuelle de la majorité de ses militants”, considèrent les rédacteurs de la déclaration. La gestion catastrophique du parti par son président révèle « la véritable nature de ce dernier », ajoute le document. Cette démission intervient, par ailleurs, à la suite du dernier congrès tenu les 8 et 9 février à la Coupole. Les résolutions du congrès ont été contestées par les militants, notamment ceux qui étaient membres des commissions de préparation du congrès et les commissions logistiques. Ceux de la commune de Mohammadia s’insurgent contre ce qu’ils appellent  » la main mise  » de Said Saadi sur un parti « qu’il ne conçoit désormais que comme son exclusif fonds de commerce « . Nous avons choisi ce moment pour démissionner afin qu’ils ne nous accusent pas de clientélisme durant les prochaines législatives », nous déclare un membre de la délégation, qui ajoute, par ailleurs, que le congrès a été « réglé comme du papier à musique, avec les pires méthodes staliniennes ou l’horreur est associée à l’absurde pour les résultats que l’on sait ». La suppression des postes de vice-présidents est considérée par les militants comme « une élimination de tous ceux qui à un moment ou un autre ont osé exprimer une différence, au profit de nominations folkloriques et du renforcement d’une hégémonie qui n’en avait pourtant pas besoin », relèvent les rédacteurs de la déclaration. La démission semble être le dernier recours pour ces militants qui ont tant donné au RCD, a l’instar de M. Chami Omar, ex-P/APC de Mohammadia et membre de conseil national, du Dr Kamel Kelali, président de conseil communal de Mohammadia et premier suppléant lors du III congrès au conseil national. « Parce que nous avons vécu tout cela de l’intérieur, parce que le parti tel qu’il est devenu n’est plus l’espace dans lequel pourrait se réaliser nos ambitions pour l’Algérie, parce qu’il est hors de question de cautionner cette dérive que nous l’exprimons par une décision à la hauteur de notre colère, la démission définitive des rangs du RCD, car il y a une fin à tout », lâche un militant.

Mohamed Mouloudj

Partager