Les limites d’une alliance

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Le président sortant de la coalition, le secrétaire général du FLN, a limité son intervention à la lecture d’un bilan plus que satisfaisant des trois mois passés à la tête du regroupement. Mieux, il a même tenté de démontrer que son parti n’est pas un obstacle à la construction de « cet instrument démocratique », oubliant ainsi ses déclarations, particulièrement tranchantes, tenues lors de ses sorties tout au long du week-end dernier.Loin s’en faut, puisque Belkhadem parle toujours de « renforcement de la pratique démocratique » dans notre pays et la participation des trois partis « à la réalisation du programme du président de la République ». Seulement, le secrétaire général du FLN a justifié l’attitude « opposante » des députés de son parti à l’Assemblée nationale par « la richesse du débat et la hausse du niveau de ce dernier », sans pour autant s’expliquer, de manière claire, sur le refus de certaines déclarations du chef du gouvernement. Lui succédant, le chef du RND s’est juste limité à une déclaration conjoncturelle puisque mis à part les salutations d’usage et les compliments protocolaires, il n’y a pratiquement rien de spécial à retenir de son intervention.A peine s’il a adressé un sourire sarcastique aux journalistes avec un « vous voyez bien que l’Alliance est toujours là ». La seule différence qui a marqué l’intervention de Ahmed Ouyahia de celle de son prédécesseur est le fait de réaffirmer sa fidélité au chef de l’Etat. « Nous avons soutenu Abdelaziz Bouteflika lors de la campagne électorale et nous continuerons à le faire pour la concrétisation de son projet. Nous devons rester avec lui jusqu’au bout ». C’est une sorte de rappel que Ouyahia semble vouloir faire à ses alliés. Ont-ils abandonné le chemin ? Possible, puisque les deux ministres d’Etat s’éloignent de plus en plus du principe de la solidarité gouvernementale pour s’inscrire dans une logique purement partisane. La fête de l’Alliance fut courte. Aboudjerra Soltani prend la parole tout comme il récupère la présidence du  » cartel « . Il encense d’abord l’Aréopage de ministres et de cadres des trois partis venus en force pour prouver le contraire de ce que prouvera par la suite le chef du Hamas. L’occasion n’est pas au ratage. Il faut exploiter toutes les possibilités. Soltani connaît la technique mieux que quiconque. Il commence d’abord par donner des cours de langue et de sémiologie. Il explique la différence qu’il y a entre une opinion, une position et une décision. Le tout est complimenté d’éclairage ou plutôt de « d’assurance » qui font que, par exemple, les « divergences apparues ces derniers jours sont un signe de de bonne santé de l’Alliance ». Et Aboudjerra Soltani de s’attaquer systématiquement à  » la campagne mains propres  » et « à la suppression de la filière des sciences religieuses du baccalauréat ».La boucle et bouclée et le chef de HMS s’adresse à Ahmed Ouyahia : « Puisque mon frère Ouyahia nous demande d’aller nous exprimer en Conseil des ministres, nous allons le faire certainement puisque nous sommes convaincus que le premier magistrat du pays prendra la décision la plus sage pour le pays ». Comme argument à cette position, Soltani dit vouloir éviter « l’apparition de nouveaux émirs qui vont enseigner le Coran ailleurs, à leur manière et à la place de l’Etat ». Ahmed Ouyahia fait un sourire et prend note sans pouvoir répondre. Ni le lieu ni le moment ne lui permettent un tel privilège. Soltani continue son réquisitoire, entrecoupé parfois par des nuances du genre « vous allez voir dans l’avenir que l’Alliance ne sera pas morte ». Pour lui, les points sur lesquels il diverge avec Ouyahia ne sont pas « inclus nommément dans le pacte de l’alliance ». Ce pacte est, selon le leader islamiste, violé à partir du moment où « on a voulu supprimer l’Islam de l’école ». C’est donc sous ces auspices que s’est déroulé ce deuxième sommet « officiel » des partis de l’Alliance présidentielle. La rencontre ne s’est pas terminée au moment où nous mettions sous presse, mais tout porte à croire à travers ces déclarations que la situation restera en l’état au sein de ce triumvirat, à moins qu’il ne s’aggrave….

Ali Boukhlef

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