Al Jazeera et Al Qaïda, même combat

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L’Algérie s’est réveillée éberluée par une initiative de la chaîne de télévision qatarie El Jazeera. En effet, le premier média télévisuel de la Oumma Islamya n’a pas trouvé mieux pour intéresser ses ouailles internautes que de leur proposer un sondage avec l’indécente question du pour ou contre les attentats islamistes du 11 décembre 2007 qui avait fait des dizaines de morts dans les rues d’Alger. Comme par enchantement, les Algériennes et les Algériens découvrent que celle qu’ils considèrent comme un havre de la liberté d’expression, roule effrontément pour l’organisation terroriste El Qaïda.

Le sang des victimes n’a pas encore séché sur les dalles en béton des immeubles éventrés que des voix, que beaucoup croyaient amies, se sont élevées des tréfonds de la bêtise humaine pour souiller la mémoire des innocents qui n’avait commis autre tort que de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment. D’une manière cinglante cette dérive de trop, démasque le scénario sournois auquel se livre les propagandistes du wahabisme. Du fond de l’Afrique subsaharienne aux banlieues européennes, l’activisme fondamentaliste de la chaîne des pétrodollars est révélé au grand jour. Sous couvert de la liberté d’expression, qui est tout du moins relative, la chaîne fait l’apologie du crime. Sous prétexte de contrer l’hégémonie américaine en matière d’information, elle s’est transformée au fil du temps en véritable porte-parole des organisations terroristes islamistes.

Bénéficiant de moyens financiers colossaux et de multiples relais de diffusion, la chaîne arabe d’information El Jazeera tient une position stratégique dominante dans le paysage audiovisuel moyen-oriental. Position favorisée par la débâcle des chaînes de télévisions nationales nord africaines et la lassitude des téléspectateurs de ce qu’ils considèrent comme des moyens de propagandes des pouvoirs en place. La bataille de l’information est en partie perdue pour les chaînes officielles face à la déferlante des médias du Golfe. L’importance de la zone géographique de diffusion, donc d’influence qui s’étend du Maroc jusqu’en Indonésie donne des tentations hégémoniques. L’entreprise à laquelle s’attèle les responsables de cette chaîne des complicités politiques vise à faire renaître le mythe de la Oumma Islamya. Mais pour ce faire, il faut commencer par uniformiser une opinion publique regroupant plusieurs nationalités. Quel est le secret de fabrication d’une opinion publique arabe favorable aux thèses islamiste ?

Le traitement de l’information est soumis à des règles très strictes, le premier objectif la victimisation. L’opération se borne à mettre en scène d’un côté le méchant, la main de l’étranger, américaine ou israélienne de préférence, aux prises avec les victimes, les peuples musulmans ou arabes oppressés, persécutés par les puissances étrangères d’occupation. Les terrains de prédilections sont l’Irak, la Palestine, l’Afghanistan, le Pakistan pour les conflits ouverts. Les images rapportées parle d’une seule voix : les martyrs du Hamas drapés de vert traversant une foule en transe, les étudiants pakistanais défiant le président Musharaf les armes à la main… et un cliché classique et incontournable, le feu mis aux drapeaux israéliens et américains ou tout autre pays jugé impie par les gardiens de la morale islamique. L’autre jeu favori des pyromanes de l’information  » jazirites « , c’est de donner la parole aux plus virulents des prêcheurs djihadistes, en les présentant comme les victimes de la répression étatique. C’est lors de l’une de ces émissions que le chef islamiste Ali Belhadj, l’ex numéro deux du FIS algérien dissous (Front islamique du salut), avait donné son aval à l’exécution des deux diplomates otages d’El Qaïda en Irak.

Le deuxième objectif consiste à assurer la plus large diffusion possible des attentat islamistes commis par le nébuleuse terroriste. Ce n’est pas par hasard que la chaîne de TV est dépositaire exclusive des messages adressés à la Oumma par les chefs d’El Qaïda.

La majorité des intervenants et des acteurs de ce média, non seulement, se reconnaissent dans le message subliminale de la violence terroriste mais plus grave encore ils croient en sa justesse.

Les diffusions à l’antenne d’enregistrements des déclarations posthumes des auteurs d’attentats kamikazes, à des heures de grande écoute contribuent à la campagne médiatique des organisations terroristes. Lors de ces diffusions, les kamikazes se livrent à l’explication et la justification de leur geste. Où est la frontière entre l’information et l’apologie du crime terroriste ? La liberté d’expression est-elle suffisante pour expliquer le soutien apporté à ces organisations terroristes? Surtout sachant que cette liberté est mise en avant pour justifier le traitement spécifique de l’information relative à la mouvance terroriste islamiste. Qu’en est-il des autres thématiques sociales, politiques…liées aux sociétés civiles de la région.

Malheureusement, s’agissant des autres sujets, la chaîne applique le deux poids, deux mesures. Elle met autant de zèle pour parler des monarchies du Golfe. S’agissant de la condition des femmes, les journalistes ne montrent pas le même empressement à parler de l’affaire de l’animatrice télé saoudienne battue par son mari.

Il ne leur viendrait pas à l’idée d’évoquer les viols dans le silence des palais, des bonnes et des gouvernantes philippines par leurs employeurs. Les sujets sont trop compromettants et le risque est grand de violer les secrets marbrés des monarques. Les révoltes des ouvriers immigrés expulsés par centaines sont reléguées aux rangs de détails. Ou encore le sort des réfugiés du Darfour que les passeurs n’hésitent pas à jeter à la mer. Les réseaux de financement du terrorisme, la collusion d’intérêts entre certaines monarchies et les organisations terroristes sont autant de sujets que la chaîne évite scrupuleusement d’évoquer pour ne pas fâcher ses financiers. Survivra-t-elle à l’après-terrorisme, elle qui a fait du sang des victimes un fonds de commerce pour asseoir son hégémonie ? Après s’être habitués au sang et à la violence, comme d’autres sont dépendants aux drogues dures, dans quoi ces journalistes se recycleront-ils ? Le Djihad islamique peut-être, puisque ils ont déjà un pied dedans. Tenez, un sujet intéressant: où va l’argent des musulmans récolté par les gardiens des lieux saints ? La Palestine au lieu de faire la manche à Paris, ne peut-elle pas bénéficier de l’argent du Hadj. Sauf là diddi lollou, ça peut fâcher en haut-lieu à l’ombre des pétrodollars.

Zahir Boukhelifa

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