Août, un mois nommé galère pour les malades

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Les personnes appelées à se rendre dans les hôpitaux durant cette période de vacances pour des soins urgents sont retournées bredouilles pour la simple raison qu’il y a un manque flagrant en spécialistes, de surcroît les plus demandés. Ils ont été contraints de faire le tour des hôpitaux en dehors de leur région dans l’espoir et le peu de chance de trouver cet oiseau rare pour une ultime et vitale prise en charge.

Pénurie…

Ces structures hospitalières qui connaissaient déjà une pénurie de praticiens spécialistes trouvent en cette période estivale beaucoup de peine à prendre en charge les patients, dont le nombre s’est accru avec la présence des estivants.Le départ en congé d’une partie des spécialistes du secteur public sans pour autant arriver à les faire remplacer est à l’origine des failles. Déjà que leur nombre reste en deçà des besoins réels. A titre d’exemple, la gynécologie est une spécialité dont le nombre de praticiens privés est très important, contrairement à ceux du secteur étatique qui se comptent par dizaines. Bien que les maternités dans le secteur public, y compris celles existantes au sein des EPH, dans la wilaya de Bgayeth, soient appréciables, rares sont celles qui disposent de cette catégorie de personnel dont la présence est plus qu’indispensable. A titre d’exemple le mercredi dernier, tous les hôpitaux de la wilaya sont restés sans médecin gynécologue. Il nous a été rapporté que même la structure mère et enfant du chef-lieu de wilaya, considérée comme EHS en gynécologie et obstétrique, a manqué à sa vocation ce jour-là. Il s’est avéré ainsi que l’unique praticien spécialiste assurant des gardes avait déposé un arrêt de travail. Une dure journée pour les femmes à grossesse à haut risque nécessitant dans la plupart une assistance médicale spécialisée. C’était le cas d’une femme d’un policier de la région de Souk El Tenine. Enceinte à terme, elle a fini par rentrer chez elle après avoir fait le tour de quelques hôpitaux ayant affiché leur refus de lui offrir des soins qui lui seraient nécessaires, et ce par défaut de gynécologues en leur sein. Même la colère du mari n’a pas été d’un grand secours pour la femme qui gémissait de douleurs. Le couple a pris son mal en patience en attendant un lendemain peut-être meilleur. La couverture en gynécologues, talon d’Achille dans cette wilaya, a toujours été en deçà des besoins. Des lacunes ont été souvent signalées avec de lourdes conséquences dont la facture est payée uniquement par ces pauvres parturientes suivies souvent chez les privés qui les « lâchent » lors de ces moments difficiles. La descente aux enfers des malades nécessitant des soins urgents et spécialisés ne concerne pas seulement la gynécologie en ce mois de vacances, mais l’incurie va jusqu’à toucher la spécialité considérée comme pierre angulaire de la médecine moderne, la chirurgie générale, car, elle reste le dernier recours pour quelques situations d’urgence en cette période de grande opportunité à des accidents de circulation et domestiques (brûlures). Il est vrai que le degré de défaillance n’a pas atteint celui de la couverture gynécologique, vu le nombre appréciable de chirurgiens du secteur public, mais, par nécessité et expérience, un jour sans chirurgien est corollaire à de graves conséquences encourues par des patients nécessitant ce genre de prestation. Des exemples concrets ont été cités. Il y a quelques jours, et pour une simple appendicite aiguë, un jeune homme d’une localité de la commune d’Akbou a eu du mal à dénicher une place d’hôpital, étant donné que les deux importantes structures hospitalières de la vallée de la Soummam ne disposaient pas lors de cette journée de chirurgiens de garde. Il a été dit que certains de ces praticiens sont en congé, d’autres, éreintés par une surcharge de travail ont fait recours à la méthode classique bien de chez nous, déposer un congé de maladie pour fuir un tant soit peu l’enfer des hôpitaux, au grand dam des patients en souffrance. Le jeune patient n’a été soulagé qu’après avoir effectué plus de 50 kilomètres pour atterrir dans un autre hôpital après plusieurs heures d’attente et de souffrances.

Un août “noir”…

Nous avons appris d’une source médicale que sa famille compte déposer un recours auprès des responsables du secteur de la santé, pour « négligence ». Quelques malades nécessitant des soins chirurgicaux ont été orientés ailleurs, non pas par absence de chirurgiens mais de médecins réanimateurs. Une autre défaillance en matière de soins intensifs est qualifiée de grave par un médecin urgentiste qui se démène à trouver une structure d’accueil à un polytraumatisé suite à un accident de la circulation. Des patients soumis à dure épreuve et qui ne sont pas sans complications selon le médecin irrité pas ces situations indélicates. La pénurie saisonnière touche aussi d’autres spécialités pour arriver à dire que les hôpitaux de Bejaia sont presque sinistrés en ce mois d’août. Les directives de la tutelle adressées aux chefs d’établissements pour mieux réguler le mouvement du personnel en cette saison à haut risque n’a pas pour autant porté ses fruits. Une mauvaise programmation des congés de ces praticiens et des arrêts de travail de complaisance qui n’ont pas fait réagir à temps la direction de la santé sont synonymes de « négligence » qui ne dit pas son nom. Seuls les patients en savent quelque chose. Le mois d’août classé noir pour les malades de Béjaïa arrive à son terme, mais il semble que ces failles et défaillances s’inscrivent dans la durée et l’on a vecu les mêmes situations durant les jours fériés comme l’aïd durant lesquelles les hopitaux vivent en sinistrés, alors que le secteur public ferme quasiment boutique. En fait, à quand l’application des réformes hospitalières ?

Nadir Touati

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